Hervé Poly

On croit souvent que le véritable tournant de la Seconde Guerre mondiale en Europe se situe à Stalingrad. C’est oublier que la rupture décisive s’était produite plus tôt, dans la neige de décembre 1941, lorsque Moscou refusa de tomber, que la Blitzkrieg mourut dans la glace et que l’Armée rouge passa à la contre-offensive.

Au début du mois de novembre, la tournée latino-américaine du ministre d’État indien Pabitra Margherita a marqué l’émergence d’un nouvel espace de coopération fondé sur la souveraineté. Équateur, Bolivie et surtout Cuba deviennent les partenaires d’une Inde désireuse de tisser un maillage économique, technologique et culturel conforme à l’esprit multilatéraliste porté par les BRICS.

Le 6 novembre dernier, les enquêteurs ont de nouveau perquisitionné les locaux de McKinsey dans le cadre de l’information judiciaire sur les conditions d’intervention de cabinets de conseil lors des campagnes présidentielles d’Emmanuel Macron. Une opération qui ravive un dossier que le pouvoir aurait voulu définitivement refermer.

À l’approche du sommet de Johannesburg, la coopération scientifique s’impose comme un levier important au sein du G20. Pour l’experte Irina Kuklina, l’intégration progressive des réseaux des BRICS, la montée du Sud global et la création d’instances dédiées — comme la table ronde des conseillers scientifiques — ouvrent une nouvelle phase où la science devient un outil central de souveraineté, de développement et de stabilité.

L’ouverture d’une route maritime directe entre Tianjin et les ports vénézuéliens des Caraïbes marque une étape importante de la coopération Sud-Sud. Derrière cette liaison, c’est toute une architecture multipolaire qui se dessine — un maillage logistique, industriel et politique affranchi de l’hégémonie américaine.