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Aurelien KEMPF piksl.fr / Shutterstock.com
La vie chère en Martinique

Le couvre-feu de la honte et des promesses non tenues

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Outre-mer Martinique

Depuis le 1ᵉʳ septembre, la Martinique vit une vague de protestation contre la vie chère. Ce mouvement populaire est une réplique de celui de 2021, lui-même étant dans la logique du soulèvement de 2009. L’histoire se répète et avec elle l’inopérance -voire la surdité – de Paris. Aujourd’hui, les autorités répondent par l’instauration d’un couvre-feu.

Couvre-feu. Le nom tombe comme une sanction et sonne comme une condamnation. C’est ce que le préfet de Martinique, Jean-Christophe Bouvier, a imposé le 18 septembre pour plusieurs quartiers du chef-lieu de la Martinique, de la commune de Lamentin et étendu depuis au quartier populaire de Sainte-Thérèse, à Fort de France. Cette « interdiction temporaire relative » des déplacements s’applique, jusqu’à ce jeudi 26 septembre, entre 21h30 et 5h00 du matin. Le couvre-feu est certes partiel, mais il est une réponse d’impuissance des autorités et ravive la plaie de la mémoire coloniale et des pratiques colonialistes actuelles.

7,99 euros le pack d’eau

7,99 euros. C’est le prix d’un pack d’eau tel qu’il est actuellement pratiqué en Martinique dans un supermarché à l’enseigne de Carrefour Market. C’est ce que dénonçaient, ce samedi 21 septembre, des manifestants du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC) qui voulaient empêcher l’ouverture d’un de ces commerces.

« Le 1ᵉʳ septembre, explique Aude Goussard, secrétaire du RPPRAC, était la deadline de l’injonction que nous avions donné le 1ᵉʳ juillet [par lettre recommandée – ndlr] à la grande distribution et au préfet de Martinique pour s’organiser, de juillet à septembre – de façon à aligner les prix de la consommation alimentaire [de Martinique] sur ceux de l’hexagone ».

Cette lettre-injonction n’a pas reçu de réponse. Sur le port de Fort-de-France, où arrivent les conteneurs de produits alimentaires, les militants du RPPRAC ont trouvé face à eux les forces de l’ordre.

La situation pour les habitants de Martinique est intenable. Les produits alimentaires sont 40 % plus chers qu’en France métropolitaine, selon les chiffres de l’Insee publiés en 2022. Sur ces douze derniers mois, la hausse des prix est de 3,2 %, soit un point de plus que dans l’hexagone.

La vie chère est un problème récurrent en Martinique où la plupart des produits de consommation sont importés. En 2009, la population s’était soulevée et le gouvernement de l’époque, dirigé par François Fillon, avait fini par promettre une surveillance des prix. Cela n’a pas produit d’effet. En 2021, de nouvelles émeutes ont éclaté. Faute de contrôleurs, les mesures promises n’avaient pas été appliquées. Le manque de fonctionnaires n’arrange pas les choses.

Répression et interdictions

Le RSA et le Smic sont au même niveau qu’en France métropolitaine. 24 % des habitants de moins de trente ans sont au chômage, 32 % des enfants vivent sous le seuil de pauvreté. Mais les prix sont 40 % plus élevés dans l’île.

À lire aussi : L’ONU met la France en garde sur l’accès à l’eau potable en Guadeloupe

Pour seule réponse aux revendications des Martiniquais, le préfet opte pour la répression et les mesures d’interdiction comme celles portant sur la vente d’essence aux particuliers. C’est assurément autre chose qu’attendent les Martiniquais. Leur mouvement gagne désormais la Guadeloupe.

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