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Outre-mer

L’ONU met la France en garde sur l’accès à l’eau potable en Guadeloupe

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par Sethi
Mise à jour le 7 août 2024
Temps de lecture : 3 minutes

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Santé Gouvernement Outre-mer Guadeloupe

L’image de la ministre des Sports hurlant sa joie lors de sa baignade dans la Seine a fait sourire. En consacrant près de 1,4 milliard d’euros dans la dépollution du fleuve parisien, elle reste en mal de justifier les difficultés constantes à trouver 300 millions d’euros pour que la Guadeloupe ait enfin accès à l’eau potable.

En mars dernier, des experts de l’ONU exprimaient leurs préoccupations concernant les coupures d’eau récurrentes dans le département de la Guadeloupe, la mauvaise qualité de l’eau potable et les prix excessifs.

« Un réseau vétuste, des canalisations qui fuient, des stations d’épuration défectueuses, un logiciel de facturation défaillant, entre autres dysfonctionnements, sont le résultat de nombreuses années de négligence de la part des opérateurs privés, des collectivités locales et de l’État », ont affirmé les experts.

C’est ainsi 60 % de l’eau potable en Guadeloupe qui est perdue avant d’atteindre les robinets à cause de fuites, estimées à 7.000, ce qui entraîne un énorme gaspillage et des tours d’eau. Ces tours consistent à couper l’eau deux jours sur trois aux habitants pour maintenir la pression.

Un réseau vétuste

« L’approvisionnement en eau est intermittent afin de réduire les pertes, avec des coupures systématiques, par roulement, dans les différents secteurs du réseau, en plus des coupures plus longues », ont-ils déclaré.

La Guadeloupe dépend en grande partie des eaux de surface, donc d’une ressource fragile et soumise aux aléas climatiques. Ainsi, les tempêtes tropicales de l’automne dernier ont touché plus de 100.000 personnes. « Il est urgent de renforcer la résilience du système actuel face aux catastrophes naturelles, qui deviendront plus fréquentes et plus graves en raison du changement climatique », ont-ils déclaré.

Plus grave, l’état du réseau, constitué de canalisations en ciment et en PVC, donc friables ou cassables, constitue autant de points d’entrée des polluants, dont le chlordécone, responsable d’une surexposition des Antillais aux cancers. Les coupures d’eau permettent d’ailleurs l’entrée dans le réseau de ces polluants.

Des décennies d’incurie politique

En octobre 2023, alors que les maires des Abymes et de Point-à-Pitre ont dû se résoudre à fermer leurs écoles faute d’eau potable, le député de la 1ère circonscription de Guadeloupe, Olivier Serva, interpelait le gouvernement à l’Assemblée, sans réponse.

Selon les associations locales, ce sont 100 000 habitants sur 400 000 qui sont confrontés aux pénuries d’eau potable. Pourtant, l’État a agi, en créant le SMGEAG (Syndicat mixte de gestion de l’eau et de l’assainissement de la Guadeloupe) en 2021. Ce syndicat exerce « en lieu et place des EPCI » les compétences eau et assainissement, ce qui dépossède les acteurs locaux de moyens d’action, accusés par Paris de n’avoir pas su gérer pendant des décennies.

Sauf que faute de moyens suffisants et d’une ingénierie adaptée, comme le rappelle Éric Jalton, maire des Abymes sur la chaîne Guadeloupe la 1ère, « on a créé un Titanic, il a du mal à fonctionner et est même en train de couler ». Il faudrait ainsi 317 millions d’euros pour assurer le bon fonctionnement du réseau, mais l’État n’en met que 10.

À Mayotte, autre département Français, le constat est encore plus alarmant, avec le développement d’épidémies par manque d’accès à une eau de qualité suffisante. C’est en partie ce qui explique l’apparition de foyers de choléra comme nous l’écrivions ici : Le choléra : une maladie d’avenir ?

Si seulement une ministre voulait bien venir piquer une tête dans les Outre-Mers.

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