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Détricotage

Le RN bat en retraite

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par Sethi
Temps de lecture : 4 minutes

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Extrême droite Réforme Législatives 2024

La question de la réforme des retraites est au cœur des débats. Opposés à la réforme portée par Elisabeth Borne, les députés RN promettent de revenir dessus s’ils sont élus, mais plus Jordan Bardella est interrogé, plus il revient en arrière. Où en est-on ?

Dans la campagne présidentielle de 2022, Marine Le Pen l’annonçait : elle défendrait la retraite à 60 ans, avec 40 annuités de cotisation. Détail, ce départ à 60 ans ne s’applique de fait que pour les personnes qui auraient commencé à travailler à 20 ans et sans aucune interruption de carrière (enfants, chômage, maladie, handicap, etc.). Ce cas est rare, mais plus largement, pour celles et ceux qui ont commencé à travailler avant 20 ans, les carrières longues, cela signifie que leur durée de cotisation est au minimum de 40 annuités. Et pour ceux qui ont commencé après 20 ans, cela reporte le départ en retraite d’autant.

Mais depuis que le RN est en position de gouverner, l’urgence annoncée est relativisée : pour rassurer les marchés financiers, Jordan Bardella a renvoyé cette réforme des retraites après un audit des comptes publics. Il y a fort à parier que sa seule annonce sociale ne s’évanouisse dans les brumes du « c’est pas ma faute, nous, on l’aurait bien fait, mais peut pas, désolé ».

Aller chercher ce pognon de dingue ?

La question des retraites est intimement liée à la question des salaires et du partage de la valeur ajoutée. Dans une économie en croissance, ce n’est pas tant le nombre de retraités qui compte que l’affectation des nouvelles richesses à leur revenu. Dit autrement : peu importe que le nombre de retraités soit multiplié par deux si le PIB l’est aussi et que les cotisations sur les salaires augmentent en proportion. Car c’est aux entreprises de payer les retraites en utilisant les gains de productivité générés par les travailleurs.

Or, nous n’en sommes plus là. La fortune des plus riches a crû de 1200 milliards d’euros ces dernières années tandis que le déficit public s’est creusé d’autant. Le gouvernement Macron, comme ses prédécesseurs, a multiplié les exonérations de cotisations sociales. C’est donc pour compenser le manque à gagner généré par les cadeaux aux entreprises qu’il faut régulièrement « réformer » les retraites, l’assurance chômage, le remboursement de la santé, etc. afin de faire baisser les dépenses.

À lire aussi : Les dangers d’un État sans AME

La nécessaire analyse de classe

Le problème du Rassemblement national est qu’il n’est pas anti-système. Comme le gouvernement Macron, il ne propose que de la communication. Il ne s’agit pas de modifier structurellement les rapports de force et donc les capacités de financement de notre système de protection sociale, il s’agit uniquement d’agiter des mesures en apparence fortes.

En refusant de remettre en question la captation de la valeur ajoutée par les grandes fortunes et les acteurs de la finance, le RN ne fait que revoir le partage des miettes sans s’attaquer au gâteau.

Se passer de l’analyse de classe, c’est aussi se passer de l’apport de la lutte sociale et des syndicats. Alors qu’ils sont partie prenante du partage de la valeur au niveau de la Sécurité sociale, le RN entend s’en passer.

Ce serait au gouvernement seul de décider. Une fois encore, ce qui était un coup de force anti-démocratique sous Macron, deviendra une ligne de conduite courante. On retrouve ici la méfiance traditionnelle des partis d’extrême droite envers les syndicats, parce que ces derniers représentent les intérêts des travailleurs, dans la vraie vie, pas sur TikTok.

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