Pour financer les régimes de retraites, le RN mise sur la suppression de l’Aide Médicale d’État (AME). « On accueille des millions de personnes, cela nous coûte beaucoup d’argent », a lancé Jordan Bardella sur BFMTV, peu après la dissolution de l’Assemblée nationale.
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L’AME est accordée aux étrangers en situation irrégulière résidant en France depuis plus de trois mois et dont les ressources sont inférieures au plafond de la couverture maladie universelle. Elle prévoit la prise en charge intégrale de leurs dépenses de santé.
Fin 2023, ce dispositif concernait 466 000 bénéficiaires, et non pas des millions.
Selon un récent rapport de Médecins du Monde, parmi les personnes pouvant prétendre à l’AME, moins d’une sur cinq en bénéficie réellement.
Signal d’alarme
Parmi les maladies prédominantes chez les primo-arrivants culmine la tuberculose, mais également la rougeole ou le VIH, que plus d’un tiers des immigrés d’Afrique subsaharienne contractent sur le territoire français.
L’AME permet aussi l’accès à l’IVG aux femmes ayant subi des rapports non consentis. Arrivée en France, une demandeuse d’asile a 18 fois plus de risques de subir un viol qu’une Française. L’AME, c’est aussi la prise en charge de leurs enfants.
Le Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires (Covars) tire le signal d’alarme. La suppression de l’AME « mettrait en péril la santé individuelle et collective ». Il prévient que « les émergences de maladies, infectieuses ou non, seront de plus en plus fréquentes dans les prochaines années ». En cause, les bouleversements climatiques ou les mouvements de populations insuffisamment vaccinées.
Le 7 juin, la Direction Générale de la Santé interpellait les médecins sur la recrudescence des cas de coqueluche en Europe, et appelait à leur vigilance en prévision de la période estivale et des grands rassemblements en France comme l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques.
La suppression de l’AME augmenterait la facture de la Sécurité sociale
Les maladies liées à la précarité explosent, tout comme la prévalence des troubles psychiatriques chez des personnes victimes de violences dans leurs pays d’origine.
Comment évolueront ces maladies si on ne les soigne pas ? Si elles étaient prises en charge à un stade plus critique aux urgences, la facture pour la Sécurité sociale serait plus coûteuse.
Le budget prévisionnel de l’AME était de 1,2 milliard d’euros.
Le Rassemblement national veut grand-remplacer l’AME par une Aide Médicale d’Urgence, dont le financement n’est pas précisé. Selon les scientifiques, sa suppression « aurait des conséquences paradoxales en alourdissant in fine la charge sanitaire globale de notre pays et de notre système de santé ».
Le politique doit-il prendre le pas sur la réalité des enjeux sanitaires ?
« L’accès aux soins pour tous, y compris les étrangers, est un enjeu crucial de santé publique ».