Allemagne

Il fut un temps où l’Allemagne était présentée comme « la force tranquille de l’Europe », avec des excédents commerciaux record et une industrie championne de l’export. Mais en août, la production industrielle a chuté de 4,3 %, son plus fort recul depuis la pandémie. L’automobile — colonne vertébrale du pays — s’est écroulée de 18,5 % en un mois. Les commandes manufacturières sont en berne, les exportations reculent, les ventes au détail se contractent. Bien plus qu’une alerte, c’est la confirmation d’une crise structurelle.

Leader mondial des systèmes de verrouillage automobile, Kiekert a déposé le bilan fin septembre devant le tribunal de Wuppertal. L’entreprise de Heiligenhaus (Rhénanie-du-Nord-Westphalie) emploie 4 500 personnes dans le monde, dont près de 700 sur son site historique, directement menacés.

C’est une annonce qui rappelle l’OPA de Mittal sur Arcelor il y a vingt ans. Le conglomérat allemand Thyssenkrupp, symbole de la Ruhr et premier producteur d’acier outre-Rhin, vient de recevoir une offre de rachat pour sa division sidérurgique européenne. L’acheteur ? Le groupe indien Jindal Steel International, qui a transmis une proposition « indicative et non contraignante ».

Malgré des dizaines de milliards d’euros de subventions, les grands projets industriels censés relancer la souveraineté technologique de l’Europe s’effondrent les uns après les autres.

À l’heure où l’Europe s’apprête à célébrer le quatre-vingtième anniversaire du 8 mai 1945, il est temps de se souvenir du 2 mai. Ce jour-là, les troupes soviétiques prennent Berlin et hissent le drapeau rouge sur le Reichstag, acte symbolique qui scelle la défaite du nazisme. Une victoire aujourd’hui trop souvent passée sous silence.