Résumé du chapitre III : Daniel Renoult arriva en compagnie de Jacques Duclos au meeting du Vel’ d’Hiv en soutien à l’Espagne. Les armées fascistes anéantissaient les troupes républicaines, la France fermait toujours sa frontière, la population civile avait besoin de lait, de pain et les troupes d’armes. Le meeting était une réussite. Dans l’assemblée, une connaissance de Daniel fit des pieds et des mains pour s’approcher de lui. Mado ! Ils quittent ensemble le meeting après avoir salué Duclos.
Chapitre IV : L’ambassadeur a des soucis
Mado s’installa sur un siège en moleskine derrière une table carrée. Au-dessus d’elle, un vaste miroir renvoyait le reflet de Daniel Renoult qui, prenant une chaise, s’installait face à son amie. Celle-ci avait entrouvert son manteau sous lequel une chaude robe de couleur rouge éclatait. Une belle échancrure laissait deviner des seins bien ronds. Un collier en bimbeloterie soulignait le tout. Mado avait gardé cette légère exubérance, ce petit rien qui la rendait charmante. Elle se poudrait, se mettait du rouge aux lèvres et n’avait guère changé. Sauf ses mains devenues plus larges, plus fermes, les ongles courts ne masquaient pas que du cambouis ou d’autres graisses devaient les altérer. Son visage s’était un peu alourdi, mais, malgré ses quarante ans passés, elle demeurait une belle femme. Ah, ses hanches s’étaient un peu élargies.
Daniel n’avait rien perdu de tout cela. Il se souvenait de tant de choses d’elle, de ses moments de plaisirs, de langueur, de son corps nu, de sa peau, de son odeur. Tout lui revenait en mémoire. Mais le temps avait glissé et lui-même n’était plus l’homme fringant qu’il avait été. Des douleurs aux reins, aux articulations le faisaient souffrir, un amaigrissement du visage, des cheveux bien gris ou blancs, non, il n’était plus le même. Cependant, l’illusion de perdurer dans son charme le poussait à admirer les belles femmes et s’il sentait une possibilité de conquête s’offrir à lui, il tentait de séduire. Tu as vieilli, se disait-il en contemplant les cernes sous ses yeux, eux-mêmes un peu entrés dans leur orbite, ses joues un peu avachies et la peau du cou qui pendait comme celle d’un poulet.
Mado l’avait immédiatement reconnu, à ses yeux, à ce regard qui l’avait tant bouleversée. Et soudain, là, dans ce café où les serveurs en tenue noire avec chemise blanche et nœud papillon ridicule les regardaient alors que l’établissement était presque vide, elle s’interrogea. Pourquoi avait-elle insisté afin qu’ils se rencontrent ? Elle eut peur… de quoi ? D’une rebuffade, d’une aventure, d’un mépris ? Elle se tordit les mains sur la table un peu poisseuse et sourit à l’homme qu’elle avait aimé.
— C’est vraiment incroyable que nous nous soyons retrouvés, comme ça, en plein meeting, lui dit Daniel. Tu n’as pas changé, sais-tu ? Alors que deviens-tu ? Tu es mariée ? Tu as des enfants ? Raconte…
Février 1939.
Loin, très loin de Paris, dans les fins fonds de l’Asie, depuis la bataille du lac Khassan, les troupes soviétiques restaient sur leur garde. Certes, l’URSS avait remporté une victoire sur le Japon, la première depuis 1905, mais c’était une victoire sans gloire, sans panache, qui gardait le goût amer des non-dits et des analyses enfouies sous la paperasse. Depuis le 11 août 1938, les deux ennemis se regardaient en chien de faïence dans leurs lunettes par-dessus les frontières, du haut des guérites. Du côté du Japon, le Mandchoukouo arraché à la Chine, avait une large frontière avec l’URSS. Un peu plus au nord-est, les confins des terres soviétiques étaient dans le collimateur des militaires japonais. Vladivostok, la Sibérie, les lignes de chemins de fer constituaient des proies idéales. C’est pourquoi, du Mandchoukouo, les dignitaires de l’armée de terre impériale en faisaient une chasse gardée, un pré carré pour attendre le moment propice tout en asseyant une domination sur le gouvernement à Tokyo par le biais de leurs hauts gradés. Les élites de l’armée faisaient la pluie et le beau temps, assassinaient le moindre ministre qui leur déplaisait, imprimaient sur l’empire une espèce de toute puissance confortée par l’éloignement des centres de décisions. Le nationalisme d’un Japon fantasmé était en place.
À Tokyo, les services de Monsieur l’ambassadeur de la République française, Arsène-Henry, Charles de son prénom, fonctionnaient à merveille. Il en était très fier. Moins il consacrait de temps à l’accomplissement des charges, plus il était satisfait. La rédaction de son ouvrage de portée historique et mondiale ne souffrait d’aucun retard et toute demande superflue d’intervention, de rencontre, le mettait dans une humeur maussade. Bien qu’il approchât de la soixantaine, c’était un bel homme aux yeux limpides, au crâne dégarni et luisant, couronné de quelques cheveux épars, doté d’une moustache ressemblant à celle de Pétain, la tête un peu ronde. Lorsqu’il travaillait, il portait des lunettes également rondes, cerclées de métal. Il avait de la prestance.
Depuis plusieurs semaines, il était très agacé par l’histoire de la nomination d’un nouvel ambassadeur du Japon à Paris. Le quai d’Orsay, par la plume de son secrétaire général, Alexis Leger, lui avait demandé en novembre son opinion sur la proposition faite par le gouvernement japonais : désigner monsieur Tani au lieu et place du précédent, Yotaro, nommé à Washington.
Or, Tani aurait tenu des propos désobligeants à l’égard de la France au sujet de transferts d’armes par des Indochinois vers la Chine pour soutenir la guerre contre le Japon. Il reprochait à la colonie française sa mansuétude, de fermer les yeux, pire, de soutenir ce trafic. Arsène-Henry connaissait bien Tani, avec lequel il entretenait de bonnes relations, comme avec tout le monde d’ailleurs, le Français était connu pour sa douceur et son amabilité. Le vice-ministre des Affaires étrangères du Japon, qui lui avait fourni quelques documents et photographies pour le livre dont il achevait la rédaction, Tapisseries et soieries japonaises ou contribution à l’étude de l’esthétique et de la décoration des soieries façonnées et des tapisseries japonaises de l’époque Tokugawa (1603-1856), venait de se faire insistant afin qu’il fasse pression sur Leger pour l’acceptation du candidat. Arsène-Henry, sensible à la demande, avait écrit en décembre au secrétaire général du quai : « Il faut accepter la désignation de M. Tani ; je ne crois pas que l’on puisse nous envoyer quelqu’un de meilleur. »
Leger s’en était étouffé de rage, avait tempêté dans son bureau et demandé à Arsène-Henry un peu plus de discernement et en tout cas de faire de la politique !
La presse japonaise, aux ordres du gouvernement, n’avait pas tardé à lancer une campagne contre la France, son arrogance, et elle condamnait, bien sûr, le trafic d’armes vers la Chine. L’ambassadeur n’avait pas d’échos d’Indochine et, pour tenter de calmer les choses, concédait qu’il y avait peut-être quelques caisses qui transitaient à dos d’homme vers la frontière chinoise, mais rien de plus. Quoi qu’il en soit, il était très contrarié.
Les fêtes de fin d’année n’avaient pas eu l’éclat des fêtes passées. Certes, le champagne avait coulé joyeusement dans les coupes en cristal, les réceptions s’étaient enchaînées pendant une quinzaine de jours, les soirées en smokings et robes longues avaient bien été de mise, mais il n’y eut pas d’orchestre ni de danse. Cela avait bien contrarié Madame Arsène-Henry qui adorait ouvrir le bal dans une robe scintillante et avec une belle aigrette à plume fichée dans ses cheveux ramassés en chignon. Yolande Lefèvre d’Ormesson aimait danser. Mais, dans le cadre d’une campagne « pour la mobilisation spirituelle », le gouvernement japonais avait interdit les danses occidentales en août 1938, notamment dans les ambassades. Pire, l’édit entrait dans le cadre d’une réglementation des « maisons de plaisirs » ! Alors, pensez si les fêtes de fin d’année avaient été gâchées. Oh, l’on apprit que certaines chancelleries avaient organisé des bals dans des recoins, des sous-sols, des pièces sans fenêtres avec musique en sourdine. Mais tout de même ! Yolande avait seriné son ambassadeur de mari, lui avait rebattu les oreilles en soulignant que tout cela était épouvantable et qu’elle ne comprenait pas que lui, représentant l’Empire français, n’avait pas réussi à obtenir une dérogation à cette interdiction ridicule. À tel point que les yeux délavés de Charles s’en étaient humectés.
Charles Arsène-Henry sirotait un thé du soir lorsque son secrétaire, après avoir toqué à la porte, lui demanda s’il pouvait recevoir le capitaine Paszkiewicz, attaché de l’air adjoint à l’attaché militaire. Il avait acquiescé, sans entrain. L’homme, un grand gaillard blond aux yeux bleus et à la mâchoire carrée, se mit au garde à vous à cinq mètres du bureau de l’ambassadeur. Celui-ci, l’air absorbé dans une tâche complexe, leva le nez et d’un geste désinvolte comme s’il écartait une futilité domestique, fit rompre la posture au militaire.
— Que vous amène-t-il ? demanda Charles.
— Monsieur l’ambassadeur, vous m’avez demandé de vous fournir des renseignements sur la situation militaire japonaise, notamment leur armée de l’air.
— Oui, capitaine, j’en ai un parfait souvenir.
— Eh bien voilà, Monsieur l’ambassadeur, je suis en échec complet et mes entrées sur les terrains d’aviation sont forcloses, mes interlocuteurs absents ou souffrants. Bref, je n’ai rien. Mais, ajouta-t-il avec empressement, je dois vous faire part de données nouvelles qui pourront être utiles au ministère.
— Ah oui ? C’est fâcheux… Mais qu’avez-vous à dire ?
— Voilà, il me semble qu’il y a un combat fratricide entre l’armée de terre et la Marine.
— Hum, ce n’est pas nouveau…
— Si j’ai bien compris ce que m’a raconté un militaire japonais de mes relations, le colonel Ozu, la Marine ignore volontairement ce que fait l’armée de terre. Ainsi, les forces du nord, en Chine, vers la Mongolie, c’est-à-dire l’armée de terre, voudraient se libérer de toute tutelle et exercer une espèce d’autonomie à l’égard de leur hiérarchie et du ministère de la guerre. Quant à la Marine, elle n’a de cesse que de vouloir assurer une expansion vers le sud. Vous comprendrez facilement, Monsieur l’ambassadeur, que ces postures inconciliables sont dangereuses.
— Hum… Certes, si le bras armé de l’empire est à hue et à dia, la cohésion impériale bat de l’aile.
— Ce n’est pas l’analyse que j’en fais, Monsieur l’ambassadeur. Je perçois un danger dans cette affaire, un danger pour nous.
— Comment ? En quoi serions-nous menacés de cette situation ?
— Il est de notoriété que l’Allemagne et le Japon ont un ennemi principal, l’URSS. Depuis les accords conclus avec l’URSS par Monsieur Barthou en 1934, nous avons été considérés comme suspects. Or, les concentrations japonaises dans le Mandchoukouo font craindre une attaque contre la Mongolie ou même directement contre l’URSS.
— Sûrement, mon ami, mais en quoi sommes-nous concernés ?
— Eh bien, la Marine ne peut rester en retrait face aux velléités de l’armée de terre. Si cette dernière porte des coups sévères au nord, la Marine ne pourra rester inactive.
— Peut-être, mais alors ?
— Nous assistons depuis peu à une recrudescence des incursions japonaises dans les eaux territoriales du Tonkin. Et récemment, la presse s’est fait l’écho de revendications japonaises d’îlots désertiques qui sont aux confins de nos eaux territoriales.
— Ah oui, c’est fâcheux. Il n’osa dire qu’il trouvait l’argumentation du capitaine Paszkiewicz un peu fumeuse et n’ayant qu’un intérêt relatif. Il ne pouvait s’ouvrir à lui des monceaux de problèmes découlant de l’affaire Tani dont il ne semblait pas voir le bout.
— Alors voilà, Monsieur l’ambassadeur, j’ai pris sur moi de lancer une perche à mes interlocuteurs. Paszkiewicz déglutit, sa glotte fit quelques allers-retours entre le col de sa chemise immaculée et la base de sa mâchoire. Hum, j’ai demandé avec toutes les précautions nécessaires, si nous pouvions faire une visite au Mandchoukouo.
— Très bien, heureuse initiative !
— Avec vous…
Arsène-Henry changea de couleur, ses yeux limpides papillonnèrent, il regarda son interlocuteur, de sa main gauche, il déposa ses lunettes sur le bureau, hésita à répondre. Dans sa main droite, il tenait toujours son porte-plume qui soudain l’embarrassa. Il le rangea d’un geste mal assuré sur le rebord de l’encrier en cristal surmonté d’un couvercle de cuivre, tout rutilant.
— Mais qu’irai-je faire dans cette contrée des fins fonds de la Chine ?
— Eh bien, Monsieur, nous pourrions examiner les forces aériennes nipponnes et montrer que notre intérêt va bien au-delà des îlots du sud. Nous représenterions l’autorité et la grandeur de la France, Monsieur l’ambassadeur !
C’est à cet instant qu’un proverbe japonais revint en mémoire d’Arsène-Henry : « Un pouce en avant et commencent les ténèbres ». Ce dicton est censé souligner les incertitudes qui peuvent nous assaillir dès lors que l’on va de l’avant… Ce Paszkiewicz avait peut-être raison, mais s’engouffrer dans une demande de telle nature auprès des autorités japonaises lui parut inaccessible. Il ne pouvait pas dire non au capitaine, il murmura son accord en se demandant comment les Japonais réagiraient.
L’officier, après avoir présenté ses respects, quitta la pièce, où une large fenêtre à l’occidentale donnait une belle luminosité. L’hiver prenait fin, bientôt les cerisiers seraient en fleurs avec toutes les réjouissances populaires que cela entraînerait. Arsène-Henry prit une feuille de papier, griffonna quelques notes dessus pour ne pas oublier d’en parler au secrétariat afin que les démarches liées à la requête de Paszkiewicz soient effectuées. Puis il reprit la tasse de thé, il était froid maintenant. Les moustaches de l’ambassadeur trempèrent dans le liquide et quelques gouttes tombèrent sur les notes qu’il venait de griffonner. Il voulut bien faire, passa le plat de la main dessus pour essuyer, mais il étala l’encre délayée. Il ne pouvait donner un torchon à celle qui était chargée de taper ces éléments à la machine. Il recopia. Après avoir froissé le brouillon, il le jeta dans une corbeille tressée au pied de sa table de travail.
La nuit venue, un homme de ménage passa nettoyer l’étage. Consciencieusement, il ramassa la boule de papier et la glissa dans ses sous-vêtements. Aucune émotion ne semblait vivre sur son visage.
Pendant ce temps-là, à Montreuil, Patrick Moinot se languissait. Cela faisait deux jeudis que, mine de rien, il guettait le passage de Monique Lagarde. Il se mettait en retrait, sur le boulevard et attendait jusqu’au dernier moment, car il ne fallait pas rater les cours du lycée. Il se perdait en conjectures, s’inquiétait de ne pas la voir passer. Était-elle souffrante, s’était-elle brisée une jambe sur une autre plaque de verglas ? Il épiait depuis la cour vers le pavillon à côté de l’usine, il ne voyait rien. À croire que personne n’y vivait. Il n’osait sonner, il sentait bien que les différences sociales pesaient de tout leur poids et qu’il risquait de se faire éconduire méchamment, au risque de ne plus jamais voir la belle. Alors il reprit encore le chemin du boulevard afin de guetter. Le froid s’était atténué, mais il gelait encore un peu la nuit. Dans la journée, la terre s’amollissait et les sentes du quartier devenaient de la gadoue collante. Il se campa loin des regards du voisinage, à l’endroit où la rue des Groseilliers faisait sa jonction avec le boulevard. Son béret le protégeait d’une espèce de bruine qui tombait. Il fourra ses mains dans les poches, accoté au tronc d’un arbre. Deux ouvriers de sa rue qui passaient le regardèrent du coin de l’œil en le saluant ;
— Alors Patrick, tu fais l’école buissonnière ? lança l’un d’eux.
— Non, m’ssieur Clément, j’attends un camarade.
Ils poursuivirent leur chemin sans avoir attendu la réponse dont ils n’avaient que faire. D’ailleurs, ils filaient vers la Croix de Chavaux au marchand de journaux acheter le leur. Patrick les regardait s’éloigner lorsque des pas plus légers se firent entendre. C’était elle ! Elle entama la descente vers la place sans remarquer Patrick, à moins qu’elle n’ait fait semblant. Il la rattrapa rapidement.
— Bonjour, comment allez-vous ? lui lança-t-il en arrivant à sa hauteur.
— Tiens, quelle surprise ! Tout va bien merci. Et vous ?
— Je vous ai attendu plusieurs fois en espérant vous voir et je commençais à me faire du mouron.
— Oh, il ne fallait pas, ma mère a préféré que je reste à la maison. Mais voilà, je reprends les cours de musique.
Elle était heureuse de le retrouver. Elle cacha que sa mère lui avait interdit toute sortie afin de ne pas rencontrer celui qui, depuis, avait pris dans son esprit la stature d’un sauveur, une espèce de chevalier protecteur. Et, apprenant qu’il avait guetté tout ce temps, elle était au comble du ravissement.
Patrick était un peu gauche, ne sachant comment faire, ils parlèrent de tout et de rien et très rapidement, il fallut qu’ils se séparent.
— Je vous revois quand ? demanda-t-il avant de s’éloigner vers son bahut.
— Jeudi prochain ?
— Pas avant ? C’est long une semaine.
— Eh bien, vous aurez le temps de penser à moi !, lui dit-elle en s’éloignant, un large sourire aux lèvres.
— À jeudi, Monique, cria-t-il en reprenant le chemin, au comble de l’excitation.
Lorsqu’il rentra chez lui le soir, il y avait du monde dans la pièce principale. Son père, bien sûr, mais aussi Clément qu’il avait aperçu le matin, Sotemaille, Claudine Lecerf, l’adjoint au maire, Daniel Renoult, et deux trois autres qu’il connaissait de vue. Tous étaient soit assis autour de la table, pas bien grande, soit debout autour des autres. Claudine sanglotait.
— Il est dans une cellule pourrie avec des droits communs qui ne lui adressent pas la parole. C’est très dur, mais vous savez, elle renifla, Titi, il est costaud ! Y s’laisse pas faire.
— Mais il va bientôt sortir ! déclara Daniel Renoult. Tu comprends Claudine, il a été condamné à trois mois, il en voit le bout.
— Oui, mais c’est long Daniel, tu sais, enfin il devrait pas tarder, encore une quinzaine à c’qu’il m’a dit. Il en a marre, coincé entre un voleur et un autre qui a estourbi une vieille… Mais justement, après, il va faire quoi ? Lui qu’a jamais fait de mal à une mouche, sans boulot, sans rien, qu’est-ce qu’il va devenir ? Et nous avec ?
— Aller, ma camarade, tu es solide, on est avec toi, on trouvera une solution pour Titi, je te le promets.
— Ah, vous êtes tous très chics ! Merci.
Daniel s’adressa aux autres.
— Les gars, on poursuit la collecte, elle donne quoi ? Sotemaille répondit, que dans la rue, ils avaient récolté presque mille francs, et que dimanche ils iraient faire la solidarité sur le marché.
— Parfait, répondit Daniel, je m’occupe de faire venir l’Huma lorsqu’il sera libéré et on fera le siège de GEC pour sa réintégration. On est d’accord ?
Tout le monde opina.