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Élections

Une victoire au goût amer en Inde

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Inde BRICS ONU

Si le Premier ministre indien sortant, le nationaliste Narendra Modi, est sorti vainqueur du scrutin national qui s’est déroulé en sept phases étalées sur une période de six semaines, sa victoire a un goût amer. Les quelque 642 millions d’électeurs qui ont pris part à cette consultation marathon, soit une participation de 66,3 %, ont refusé à l’homme fort du gouvernement et à son parti le Bharatiya Janata party (BJP) la majorité absolue qu’ils détenaient à la Lok Sabha (Parlement) depuis 2014.

Donné grand gagnant au début des opérations de vote, le BJP ambitionnait de récupérer 400 sièges sur les 543 que compte l’Assemblée nationale. Loin d’avoir atteint cet objectif, il n’emporte que 240 sièges, bien en dessous de la barre des 272, minimum requis pour avoir la majorité absolue, et loin des deux tiers nécessaires pour faire adopter des changements constitutionnels réactionnaires annoncés : mettre un terme à la structure laïque de la Loi fondamentale visant ainsi l’établissement d’une nation hindoue et d’un État théocratique, faire des ressortissants des minorités des citoyens de seconde zone et diminuer le pouvoir des États fédéraux.

Une campagne nationaliste d’une extrême violence

Face à l’imminence du danger, l’opposition s’est réunie dans une coalition, l’Indian National Developmental Inclusive Alliance (INDIA). Avec une nette progression dans les suffrages et un gain de 234 sièges, elle revient en force au Parlement. L’INDIA inclut notamment le parti du Congrès, le Parti communiste indien marxiste (CPI-M), le Parti communiste et de très nombreux partis régionaux. Comme en 2019, la campagne a été d’une extrême violence, Narendra Modi a très rapidement versé dans une haine des musulmans, espérant contrer la colère sociale. Le chômage qui touche 40 % des jeunes diplômés et les inégalités se sont imposés comme thèmes centraux du scrutin accompagnés de luttes sociales. Courant mai, 200 millions de travailleurs ont participé à une journée de grève contre la réforme du droit du travail, tandis que quelque 3 500 dockers affiliés à la confédération syndicale CITU lançaient un mouvement de solidarité avec la Palestine, refusant de charger ou de décharger des cargaisons d’armes qui pourraient être utilisées dans la guerre contre Gaza.

Pour aller plus loin : L’Inde secouée par une nouvelle crise agricole

L’Inde qui brille face aux réalités sociales

Par ailleurs, la révolte gronde toujours chez les paysans, notamment au Pendjab où la sortie de la monoculture intensive est restée une priorité des syndicats agricoles. Depuis leur soulèvement en 2021, les paysans du sous-continent poursuivent leur lutte contre la libéralisation du secteur agricole. Le discours d’une “India shining” (l’Inde qui brille), slogan avec lequel Modi avait conquis le pouvoir il y a dix ans, a fini par ne plus correspondre avec le quotidien vécu par les pauvres et les classes moyennes. Si l’Inde affiche un PIB élevé, rapporté à sa population, la réalité est tout autre. Son PIB par habitant est ainsi de 2 410,90 dollars en 2022, d’après les chiffres de la Banque mondiale, soit le plus faible des pays du G20.

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