L’Union africaine siège désormais à part entière au G20. Un geste symbolique, certes, mais qui reflète une transformation plus vaste : l’intégration croissante de l’Afrique dans les mécanismes du multilatéralisme alternatif, incarné par les BRICS+. L’Afrique du Sud fut dès 2010 le premier État africain à rejoindre le groupe.
Depuis, l’Égypte, l’Éthiopie et l’Algérie ont intégré soit les BRICS+ eux-mêmes, soit leur bras financier, la Nouvelle Banque de Développement (NBD). Le Nigéria, avec ses 220 millions d’habitants et ses ressources pétrolières, est arrivé en début d’année.
À lire aussi : Les BRICS+ en contre-attaque monétaire
L’Afrique dans l’orbite des BRICS+
Cette dynamique traduit une reconnaissance stratégique : l’Afrique est au cœur de la transition vers un monde multipolaire. Elle s’affirme comme une interface cruciale avec le Sud global, sur fond de routes commerciales réinventées. L’océan Indien, désormais qualifié d’« océan des BRICS », devient l’épine dorsale logistique de cet axe Afrique–Asie : du canal de Suez à Durban, de Mumbai à Maputo, un corridor Sud-Sud s’installe, porteur d’alternatives aux routes dominées par l’Occident.
Mais l’Afrique n’est pas qu’un partenaire convoité. Elle incarne une force ascendante. En 2050, un humain sur quatre vivra sur le continent. Cette jeunesse est à la fois un défi politique et un atout économique. Avec une population active en expansion, des métropoles en plein essor et une transition numérique déjà entamée, le continent devient un laboratoire du développement du XXIe siècle.
Ses ressources sont immenses : 60 % des terres arables non exploitées de la planète, 30 % des réserves mondiales de minerais, un potentiel solaire colossal, et des infrastructures stratégiques comme le canal de Suez, les hubs portuaires de l’océan Indien et les grands fleuves de l’intérieur.
Les BRICS+ peuvent accélérer cette montée en puissance, via la NBD, la coopération énergétique et agricole, le transfert technologique ou encore les échanges universitaires. Mais plus encore, c’est l’émergence d’un projet africain autonome — continental, multipolaire et intégré — qui bouscule l’ordre établi. L’Afrique devient moteur, pas simple relais.