Macron qui, il y a quelques mois encore, appelait à soutenir l’Ukraine « jusqu’à la victoire », envisageant même d’envoyer sur le terrain des soldats de l’Union européenne, a commencé par accuser Trump de trahison vis-à-vis de l’Ukraine avant de se rallier à la proposition américano-ukrainienne de cessez-le-feu et d’accuser la Russie de refuser le cessez-le-feu que lui-même refusait auparavant. Vous suivez ? L’incohérence des positions européennes est à la mesure de l’impasse dans laquelle se trouvent Macron et les autres dirigeants de l’UE, faute d’avoir pris la moindre initiative politique et diplomatique en faveur d’un règlement négocié du conflit.
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Maintenant que l’évidence s’impose, à savoir qu’il n’y a pas de solution militaire au conflit, maintenant qu’il est clair que les livraisons massives d’armes, censées faire barrage à l’agression russe, n’ont fait qu’alimenter une machine de guerre destructrice affectant gravement les populations ukrainiennes, russes et européennes, on aurait pu s’attendre à ce que les dirigeants de l’UE reconnaissent qu’ils ont fait fausse route et qu’ils revoient leur positionnement.
Eh bien non, l’incohérence va continuer. Le cap est mis sur la militarisation à outrance et l’augmentation vertigineuse des dépenses militaires, un programme de 800 milliards d’euros pour réarmer les pays de l’UE (dont les budgets militaires cumulés dépassent déjà de loin le budget militaire de la Russie) avec un argumentaire répété à longueur d’ondes : les USA vont lâcher l’Europe, la Russie nous menace comme jamais, préparons-nous à la guerre.
Tous les pseudo-experts sont mis à contribution pour nous expliquer que l’armée russe incapable d’avoir pris Kiev est sur le point d’envahir la Pologne, les pays baltes, l’Allemagne et de menacer Strasbourg, justifiant ainsi les efforts nécessaires pour le surarmement. Sauf que cela correspond exactement à ce qu’exige Donald Trump, soucieux de se débarrasser du fardeau financier que représente l’OTAN. Les USA n’ont jamais eu l’intention de mettre fin à l’OTAN, alliance militaire offensive sous commandement US au service des intérêts hégémoniques des USA, en revanche, ils réclament depuis Obama que les Européens financent eux-mêmes cet instrument militaire.
On vous expliquera que l’Europe assurera ainsi son « autonomie stratégique », ce qui est faux car les USA restent aux commandes, ce sont eux qui vendent la majorité des armes et des équipements et même détiennent le droit d’autoriser ou d’empêcher leur utilisation. Il n’est pas question de rupture avec les USA, il n’est question que de transfert du financement.
S’il y avait véritablement « autonomie stratégique » par rapport aux USA, ce serait pour faire la guerre ou s’y préparer, là où les USA refusent de payer parce que pour eux, les priorités sont désormais la Chine et l’Iran.
L’Union européenne ne refuse pas la guerre, elle la prépare. Une paix durable supposerait que l’on s’attaque aux causes profondes du conflit, les questions de sécurité : l’Ukraine comme la Russie réclament des garanties de sécurité qu’aucune escalade militaire ne fournira jamais, bien au contraire. Quand l’Union européenne ou Macron ont-ils jamais évoqué l’idée de sécurité commune telle que formulée lors de la Conférence d’Helsinki en 1975, en pleine guerre froide ?
Voilà ce qui pourrait dessiner un chemin vers la paix : retourner aux principes d’Helsinki et de la Charte de Paris de 1990 qui créa l’OSCE, l’Organisation pour la Sécurité et la coopération en Europe, retrouver le chemin de la diplomatie en prenant l’initiative d’une conférence paneuropéenne de sécurité regroupant la totalité des pays européens et relançant la construction d’un espace commun de coopération. C’est ainsi que l’on peut construire la paix en mettant en place une architecture commune de sécurité destinée à terme à se substituer à la compétition et à la confrontation militaire.
Donc oui à « l’autonomie » européenne, mais pour construire la paix !
Non à « l’autonomie » européenne pour faire la guerre, non à l’OTAN européanisée !
Oui à un cessez-le-feu en Ukraine, mais comme premier pas pour bâtir la sécurité commune européenne !
Et surtout, sans attendre l’UE, oui à une France qui prenne des initiatives politiques et se comporte en puissance de paix !