L’ascension du Féminin Sacré
Néo-druides, sorcières, chamanes… Depuis les années 70 et l’essor du New Age en provenance des États-Unis, les théories du féminin sacré séduisent de plus en plus de femmes dans le monde occidental. Mais de quoi parle-t-on réellement ?
Le féminin sacré repose sur la conviction de révéler un pouvoir surnaturel propre aux femmes à travers diverses pratiques. Ce courant, ancré dans un ésotérisme empruntant à des traditions spirituelles non-occidentales ou ancestrales et à des pratiques pseudo-médicales comme la lithothérapie, l’acupuncture, ou la naturopathie, vise à reconnecter l’esprit et le corps, supposément déconnectés par une société patriarcale et rationnelle.
Un féminisme dévoyé
En mettant en avant des qualités féminines supposées telles que la douceur ou la sensibilité, le féminin sacré prétend contribuer à la déconstruction des structures patriarcales. Cette valorisation permettrait une redéfinition positive des rôles et des « attributs féminins » dans la société. Pourtant, cette approche confine les femmes aux rôles traditionnels de mères et d’épouses. En exaltant des « qualités naturelles féminines » - être courageuse mais jamais en colère, audacieuse mais à l’écoute des autres, sentimentale, bienveillante et inévitablement maternelle - le féminin sacré se révèle être un sexisme positif… car magique.
Rappelons que le féminisme vise à émanciper les femmes des stéréotypes de genre et des assignations obligatoires à ces qualités, souhaitant abolir la hiérarchie de ces qualités sans les attacher spécifiquement à un genre. Ainsi, le féminin sacré enferme les femmes, tout comme le virilisme enferme les hommes.
Un commerce lucratif et potentiellement dangereux
Derrière une façade de sororité bienveillante se cache un commerce très lucratif. Par exemple, un stage de six jours pour développer son féminin sacré coûte environ 800€. Ajoutons à ça divers objets supposément magiques : collier « de puissance féminine » en amazonite à 100€, bague « lumière céleste » en labradorite à 89€…
Plus grave encore, le féminin sacré peut représenter une dérive sectaire dangereuse pour la santé des femmes. Une influenceuse naturopathe, promouvant le féminin sacré, prétend que des maladies comme le cancer du sein ou l’endométriose sont des manifestations d’une féminité non exprimée [1]. Dans cette logique, les femmes souffrant de ces maladies n’ont qu’à s’en prendre à elles-mêmes pour ne pas s’être connectées à leur force intérieure. Pour 870€ et huit séances d’une heure en visioconférence, cette influenceuse propose de les « soigner ». Miracle !
Cette attaque contre une prise en charge sérieuse des pathologies féminines s’épanouit notamment en raison du démantèlement progressif des hôpitaux et de la reconnaissance tardive de ces problèmes par les chercheurs. En France, pour l’endométriose, il s’écoule en moyenne sept ans entre les premiers symptômes et le diagnostic [2]. Pendant ce temps, une vendeuse de miracles est accessible immédiatement moyennant une somme conséquente.
Le démantèlement de nos services de santé profite ainsi à certains, au détriment de la santé des femmes.
