La situation économique et financière de la France s’est profondément dégradée ces dernières années : explosion de la dette publique, accroissement des inégalités, suppressions de services publics, austérité généralisée… le bilan du « Mozart de la finance » qu’était censé être Emmanuel Macron est catastrophique. Bruno Le Maire, ministre de l’Économie depuis 7 ans, a beau assurer qu’il a sauvé l’économie Française, le résultat d’une politique libérale de cadeaux aux ultrariches est évident.
Et pourtant… malgré ce bilan, les marchés financiers et les analystes économiques semblent avoir encore plus peur de l’arrivée du Rassemblement national au pouvoir. Entre propositions au doigt mouillé et déséquilibres assumés, petit tour d’horizon du programme économique du clan Le Pen.
Des propositions surestimées
Le parti d’extrême droite propose plusieurs allègements d’impôts. Il suggère, pour commencer, de réduire la TVA sur l’énergie de 20 % à 5,5 % afin de lutter contre la hausse des prix de l’énergie. Sauf que cette baisse s’appliquera à tous les ménages et donc les plus riches gagneront proportionnellement plus. De leur côté, les entreprises ne payant pas la TVA, cela n’aura aucun effet sur une baisse des prix. Cela représente donc un manque à gagner important pour le budget de la Nation, 10 milliards selon plusieurs études, sans effet redistributeur.
Sur la question du protectionnisme, tel qu’il est présenté dans le programme, cette mesure sans réindustrialisation planifiée engendrerait un ralentissement économique.
Pour ce qui est du financement de ses mesures, Jordan Bardella invoque la réduction des versements à l’Union européenne (pourtant impossible sans quitter l’UE) et la baisse des aides sociales aux ménages pour une économie de 10 à 15 milliards d’euros… sur un budget total de 33 milliards, toutes aides confondues.
Un projet : protéger les forts, faire payer les autres
Réduire de moitié le budget social du pays ne représenterait qu’une économie de 2% pour l’État, mais la division par deux des allocations familiales, du RSA, de l’allocation personnalisée d’autonomie, de l’allocation pour les personnes handicapées, etc. ou la division par deux du nombre de bénéficiaires. Rappelons ici que les cotisations générées par les étrangers en France sont supérieures au coût des politiques sociales dont ils bénéficient.
Mais au-delà des annonces programmatiques, qu’a voté le Rassemblement National ? Sur les prix planchers dans l’agriculture par exemple, ils ont soutenu la démarche protégeant les petits producteurs face à l’agro-industrie libérale… avant de se raviser en catimini. Sur le plan social, si le RN a voté contre la réforme chômage, il a en revanche voté pour la loi Kasbarian sur le logement qui facilite les expulsions. Il s’est opposé à l’augmentation du SMIC tout comme aux propositions pour taxer les super-profits ou les ultras riches. Enfin, le parti à la flamme a déjà renoncé à sa promesse d’abroger la réforme des retraites en cas de victoire.
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Dans les Hauts-de-France, pourtant terre d’élection du parti, les conséquences seraient directes pour la population et les entreprises. La division par deux des aides sociales va plonger une proportion conséquente de la population dans la misère, mais également tout le secteur de la logistique, de la distribution en cas de fermeture des frontières et de mise en œuvre d’un protectionnisme sans compensation.