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Pour comprendre

Krach boursier, crise européenne ?

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Mise à jour le 16 août 2024
Temps de lecture : 5 minutes

Mots -clé

Chine Commerce États-Unis Union européenne Finance Asie

Que s’est-il passé le lundi 5 août sur les marchés boursiers  ? Début de crise style 1929  ? Explosion de la bulle de l’intelligence artificielle style bulle internet  ? Plus probablement : une simple correction étasunienne qui pourrait susciter de graves problèmes en Europe.

La bourse de Tokyo a dérouillé : -12,5 %. Les effets sont moindres, mais perceptibles à Wall Street : -3 % en une journée pour ses deux principaux indices. En Europe, la chute est du même ordre de grandeur qu’aux États-Unis (entre -2,37 % à la bourse de Paris et -2,92 % à Francfort).

Cela représente quand même 5 500 milliards d’€ de valeurs boursières détruites le 5 août. Dès le lendemain, les indices sont repartis toutefois à la hausse partout.

Krach, boom, pschitt ?

Oui et non. Car l’événement s’inscrit dans un recul continue de la bourse étasunienne depuis la mi-juillet : -5,20 % pour le S&P 500 qui regroupe les 500 plus grandes entreprises cotées et -9,46 % pour le Nasdaq qui concentre les entreprises de haute technologie. On assiste en fait à une explosion de la bulle sur l’intelligence artificielle et les puces de haute capacité dont il a déjà question sur Liberté Actus.

Les « Sept Magnifiques », comme la presse financière qualifie Alphabet (la maison mère de Google), Amazon, Apple, Meta (Facebook, Instagram, etc.), Microsoft, NVIDIA et Tesla décrochent le plus. Ces entreprises qui ont connu une croissance moyenne de 75,71 % en 2023 sont visiblement très surévaluées. L’intelligence artificielle a englouti des sommes faramineuses et les profits tardent, d’où la correction.

Cela rappelle la bulle internet de 2000. Et finalement, internet a eu un tel impact que les profits ont fini à arriver. Pas forcément où on les attendait, mais ils sont arrivés. Il est à parier qu’il en soit de même pour l’intelligence artificielle. En tout état de cause, la survie des « Sept Magnifiques » n’est pas en jeu. Pour ces géants monopolistes tentaculaires, l’intelligence artificielle est une activité d’avenir importante, mais annexe et les résultats sont bons par ailleurs.

En outre, les tensions géopolitiques entre les États-Unis et la Chine font des puces un enjeu stratégique bien au-delà de l’intelligence artificielle. Les États-Unis ont besoin de sécuriser leur approvisionnement et de développer leur industrie en ce domaine. Les aides publiques garantissent aux entreprises de ce secteur leur survie et de juteux profits.

Aller au-delà de l’écume des choses

La question n’est pas « devons-nous craindre le rééquilibrage boursier » mais « devons-nous craindre ce qui a fait prendre conscience aux capitalistes que la fête était finie » ? Pourquoi se sont-ils réveillés le 5 août en se disant « Il faut vendre ! »

Et là, on entre dans le dur : l’annonce des mauvais résultats de l’économie étasunienne en termes d’emplois. Or, l’expérience passée a appris aux capitalistes que l’économie étasunienne entre en récession lorsque le taux de chômage est, pendant trois mois consécutifs, supérieur de 0,5 point de pourcentage à son niveau le plus bas des douze derniers mois. Or, c’est précisément ce que viennent de montrer les récents chiffres du chômage.

Cette pseudo-loi dite « de Sahm » a accéléré la correction en cours sur le marché boursier, mais celle-ci ne sera pas la cause de la prochaine crise. Avec une croissance du PIB de 2,5 % en 2023, l’économie étasunienne peut ralentir avant d’être en crise.

Ce n’est pas le cas de l’Union européenne et ses 0,4 % de croissance. Un ralentissement de l’économie étasunienne signifiera une moindre demande pour les produits européens pouvant conduire à une récession et des destructions d’emploi. Et ce d’autant plus que les États-Unis multiplient à marche forcée les investissements pour se réindustrialiser et réduire leur dépendance tant aux produits chinois qu’européens, usant pour cela de méthode peu coopérative avec leurs « alliés » en arrosant généreusement les entreprises européennes de subventions à condition de s’implanter aux États-Unis.

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