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Détricotage

Fainéants de Français. Vraiment ?

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Mise à jour le 17 juillet 2025
Temps de lecture : 4 minutes

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Démographie Réforme Front populaire Allemagne

Et ça recommence. Le refrain revient : « Les Français travaillent moins que les autres ». C’est reparti depuis quelques jours, sur les plateaux télé, dans les déclarations présidentielles, et jusque dans les colonnes économiques des grands médias. On agite à nouveau les statistiques OCDE sur le « temps de travail par habitant » pour faire passer l’idée que notre pays serait en déclin parce que ses citoyens ne « travaillent pas assez ». Le message est clair : il faudrait travailler plus, plus longtemps, plus dur.

Mais d’où vient ce chiffre ? Que mesure-t-il vraiment ? Et pourquoi cette obsession française pour le « temps de travail » revient-elle toujours au moment de sabrer les droits sociaux ? Démonstration.

À lire aussi : Quand le travail ne paie plus

Le dividende démographique allemand : avantage ou suicide ?

Sauf que le problème de ces chiffres, c’est qu’ils divisent la quantité d’heures travaillées par le nombre d’habitants, retraités et enfant compris. Or la France a plus d’enfants que l’Allemagne. 21,2 % de la population française a moins de 18 ans contre seulement 16,7 % de la population allemande. Et il est bien heureux que les enfants ne travaillent pas !

Si l’Allemagne avait la même démographie que la France, elle aurait 3,8 millions d’enfants en plus et donc 3,8 millions de personnes en âge de travailler en moins. À structure similaire à la France, le nombre moyen d’heures travaillées en Allemagne tomberait à 675 h.

L’Allemagne profite de ce que les économistes appellent le « dividende démographique ». Ce terme décrit une situation où le nombre d’enfants s’est écroulé, mais où la population n’a pas encore commencé à diminuer. Il s’agit donc du moment où la part des actifs et des actives dans l’ensemble de la population est la plus grande. Il faut avoir la courte vue pour penser qu’un pays sans enfant a un avantage et doit être imité.

Et les retraites alors ?

Mais attendez, dira le patronat. Pour que la comparaison soit rigoureuse, il faut faire la même chose de l’autre côté pour les retraités. Et attention, continuera-t-il doctement, il faut prendre en compte que les Allemands partent à la retraite plus tard que ces privilégiés de Français (64,4 ans contre 63,4 ans… avant la réforme Macron) !

Effectivement, si les Français partaient au même âge que les Allemands, il y aurait 840 000 travailleurs en plus. Ou inversement, si les Allemands pouvaient partir au même âge que les Français, 1,2 million d’entre eux pourraient déjà profiter d’une retraite bien méritée !

Mais si on couple cet effet avec le fait que sans sa démographie dynamique, la France aurait une population plus âgée, alors, à structure démographique et sociale identique à l’Allemagne, il y aurait 250 000 retraités en plus en France.

L’un dans l’autre, si la France avait la démographie allemande, le nombre moyen d’heures travaillées en France serait alors de 662 h, encore moins que dans le mode de calcul actuel. Pourtant, les Français travaillent en moyenne plus que les Allemands (1 491 h contre 1 325 h). La question du nombre d’heures travaillées par habitant n’est donc pas une question de temps de travail ou d’âge de la retraite, mais de démographie, et cela, ça ne se réforme pas à la hussarde !

Cachez ce manque d’investissement que je ne saurais voir !

La principale différence entre la France et l’Allemagne n’est en fait pas là. Elle est dans la productivité horaire des deux pays. Un Français produit en moyenne 61,21 € par heure travaillée contre 66,84 € pour un Allemand. Et là, c’est une question d’investissement dans des machines plus modernes, dans la formation ou une meilleure qualité de management, c’est-à-dire des choses qui, pour l’essentiel, sont aujourd’hui dans les mains du patronat.

Le chiffre brandit jusqu’à la nausée par le patronat et ses relais cachent surtout ses insuffisances. Par rapport au patronat allemand, il a peu investi, malgré les 250 milliards d’euros d’aides déversés chaque année sur les entreprises pour l’investissement selon le discours des gouvernements successifs ; dans les faits, sans contrepartie ni contrôle.

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