Le premier constat est celui d’une relative stabilité après le recul de 2021, mais une augmentation de 500.000 personnes depuis 2018 (de 13,8 % à 14,5 % du taux de pauvreté). Donc une hausse sur le mandat du président Emmanuel Macron. Les régions les plus touchées sont les Dom-Tom, l’est de la Région Parisienne, l’arc méditerranéen et les Hauts-de-France.
On constate aussi que les prestations sociales jouent un rôle majeur dans la réduction du taux de pauvreté puisqu’avant redistribution, il est de 21,4 %, mais en même temps, elles démontrent la dépendance de notre modèle aux compléments de revenus, ce qui rappelle que le travail ne paie pas assez. L’Insee établit également que la pauvreté est durable puisque seules deux personnes sur dix sortent durablement de la pauvreté quand elles y sont entrées.
Ce qui se dessine en creux
La pauvreté mesurée en taux est relativement stable, malgré l’inflation, du fait de la baisse modérée du chômage et les coups de pouce au Smic aligné sur l’inflation, mais trois constats s’imposent :
- le premier est l’accroissement du nombre de travailleurs pauvres,
- le deuxième, comme le rappelle France Handicap, est que le travail ne protège plus de la pauvreté,
- tandis que le troisième enseignement est que le fait que seul le SMIC soit revalorisé avec l’inflation induit un rattrapage par le bas de tous les salaires juste au-dessus du SMIC, ce qui fait mécaniquement tomber de plus en plus de salariés dans la pauvreté.
Si l’on sort de la question du taux, qui est calculé sur la base de 60% du revenu médian, c’est-à-dire que sont considérées comme pauvres toutes les personnes gagnant moins de 1216 euros par mois, on apprend également, et c’est plus intéressant, que 13,1% de la population est en état de privation matérielle. Cet état est déterminé par le fait de devoir renoncer à au moins cinq dépenses du quotidien faute de moyens (s’habiller, se chausser, manger de la viande, sortir, partir en vacances, se soigner, etc.)
Les plus touchés sont les chômeurs et inactifs hors retraités (un tiers d’entre eux), les familles monoparentales (un tiers également) et certains travailleurs comme les agriculteurs, les artisans et les ouvriers. On a donc un problème d’intensité de la pauvreté et de manque de perspectives pour ces Français.
Le bilan de Macron
La précarisation du travail depuis de nombreuses années, le développement des emplois peu payés, la casse systématique des droits de chômeurs, des retraités n’ont pas été compensés par la politique du chéquier. Inversement, Les Echos révèlent que la France a connu 47.000 nouveaux millionnaires en 2023 par rapport à 2022, soit 3 millions de personnes.
Si l’on compare les 20% de Français les plus pauvres aux 20% les plus riches, les premiers perçoivent 8,7% du total des revenus contre 38,3% pour les plus aisés. La politique du ruissellement n’aura finalement profité qu’à ces derniers.
L’ambition du chef de l’État, exprimée lors de ses vœux du 31 décembre 2017 semble bien loin. Il prévoyait en effet que plus personne ne se retrouve à la rue d’ici à la fin de son mandat.