Dans cette paisible ville de Bavière, les 145 000 habitants vivent depuis des décennies au rythme des usines. Audi, évidemment, imprime son empreinte partout : les embouteillages du matin, les cafés remplis d’ouvriers en pause, les quartiers résidentiels peuplés de familles d’ingénieurs et de techniciens. Mais Ingolstadt ne se résume pas à son géant automobile.
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Continental, Media-Saturn et d’autres PME industrielles ou technologiques contribuent aussi à façonner le quotidien. Les écoles, les clubs sportifs, les marchés et les cafés respirent au rythme de cette économie fortement industrielle, qui a longtemps offert à la ville un niveau de vie parmi les plus élevés d’Allemagne.
Ici, la prospérité se mesure dans la densité de l’emploi industriel, mais aussi dans la qualité des services publics, des infrastructures et des équipements culturels, financés par les taxes locales. Pourtant, cette dépendance à l’industrie automobile, si longtemps source de fierté, est aujourd’hui son talon d’Achille : la moindre secousse sur le marché mondial se ressent immédiatement dans les foyers, les commerces et les projets municipaux.
Une ville qui vit à l’heure d’Audi
Sur les 145 000 habitants d’Ingolstadt, près de 43 000 travaillent dans l’usine du constructeur automobile, soit un tiers de la population active locale. Près de 80 % des emplois industriels et une large part des services locaux gravitent directement ou indirectement autour de l’automobile. Le chômage stagne autour de 3 % depuis bientôt dix ans, soit deux fois moins que la moyenne allemande. « Quand Audi éternue, Ingolstadt s’enrhume », dit le dicton local.
Mais la ville se porte mal. Sa prospérité a un prix. La crise d’Audi menace directement les habitants et les services locaux. Dans un communiqué publié le 19 septembre dernier, la mairie alerte : « La situation financière d’Ingolstadt s’est fortement dégradée. Un déficit de 60 à 80 millions d’euros est désormais prévu pour 2026, deux fois plus que prévu. » Pour le maire, Michael Kern, la commune est « confrontée à une situation dramatique, extrêmement difficile et historiquement compliquée ». En cause ? « La taxe professionnelle, longtemps la principale source de recettes, a été divisée par deux », selon la ville. « Au lieu des quelque 150 millions d’euros de recettes annuelles nécessaires, seuls 55 millions d’euros devraient être perçus. »
La crise d’Audi et ses répercussions
Et pour cause. Audi n’échappe pas à la crise de l’industrie allemande, ni à la crise de la filière automobile européenne. En mars 2025, l’entreprise a annoncé la suppression de 7 500 emplois en Allemagne d’ici à 2029, compris dans les 35 000 suppressions de postes prévues par son propriétaire, le groupe Volkswagen.
Résultat, le grand quotidien bavarois Süddeutsche Zeitung indique que « toutes les dépenses et tous les investissements doivent être revus ». Concrètement, « des coupes dans les services bénévoles sont envisagées, notamment dans les activités de loisirs comme les piscines, le financement culturel et les subventions aux clubs ». Pire encore, la mise en œuvre de projets de construction coûteux, comme dans les écoles ou la rénovation tant attendue du théâtre municipal, est désormais sujette à caution.
Pour comprendre : Suppressions d’emplois dans l’automobile, on fait le point
Derrière les chiffres, c’est la vie quotidienne de dizaines de milliers de familles qui vacille.