Liberté Actus
qrcode:https://liberte-actus.fr/1785

Cet article est lisible à cette adresse sur le site Liberté Actus :

https://https://liberte-actus.fr/1785

Flachez le qrcode suivant pour retrouver l'article en ligne

Maksym Kaharlytskyi/unsplash
Europe

Suppressions d’emplois dans l’automobile, on fait le point

Accès libre
Mise à jour le 28 septembre 2025
Temps de lecture : 6 minutes

Mots -clé

Automobile Union européenne Emploi

La tempête qui frappe le secteur automobile européen ne faiblit pas. Depuis janvier 2025, constructeurs et équipementiers annoncent fermetures, plans sociaux et délocalisations. La transition électrique coûte cher, la demande recule et la concurrence accélère.

Tour d’horizon des principaux foyers de la crise.

Allemagne, l’épicentre

Premier producteur du continent, l’Allemagne concentre les annonces les plus massives. D’après une étude réalisée par le cabinet Ernst & Young, plus de 51 500 emplois ont été supprimés dans l’industrie automobile allemande entre juin 2024 et juin 2025, soit près de 7 % des effectifs industriels du secteur. Depuis le 1er janvier 2025, on peut compter, parmi les nombreuses annonces, quelques grands plans qui illustrent la crise :

  • Bosch : 13 000 postes visés dans la division « Mobility » (septembre 2025).
  • Volkswagen : 35 000 suppressions d’ici 2030 (accord annoncé février 2025).
  • Ford : fermeture de Sarrelouis (2 700) et 1 000 postes de moins à Cologne (mars 2025).
  • Continental : 3 000 (avril 2025).
  • ZF : 1 800 à Sarrebruck (mai 2025).
  • Michelin Allemagne : 1 532 (juin 2025).
  • Groupe AE : 650 (juillet 2025).

Ces décisions, très concentrées dans les Länder industriels, nourrissent les tensions sociales et politiques, visibles dans la montée de l’AfD.

France, la liste s’allonge

Entre 2020 et 2025, la filière automobile française a déjà perdu 38 600 emplois industriels (constructeurs, équipementiers, fournisseurs), soit presque 10 % des effectifs. Depuis le 1ᵉʳ janvier 2025, de nombreux plans de licenciement collectifs et fermetures d’usines ont été annoncés, parmi lesquels :

  • Stellantis Douvrin : arrêt des moteurs thermiques d’ici 2026, 700 postes (325 transferts possibles, annonce février 2025).
  • MA France (Aulnay-sous-Bois) : 400 suppressions (mars 2025).
  • Walor (Ardennes) : 102 suppressions (mars 2025).
  • Dumarey Powerglide (Strasbourg) : 248 suppressions (avril 2025).
  • MMT-B (Blanquefort) : 197 suppressions (mai 2025).
  • Valeo : 868 suppressions sur huit sites (juin 2025).
  • Michelin : 1 254 suppressions à Cholet et Vannes (juillet 2025).
  • Forvia : plan européen de 10 000 licenciements, part française non chiffrée (août 2025).

À cela s’ajoutent les arrêts temporaires (Poissy : 2 000 salariés en chômage technique depuis septembre 2025) et des sites en sursis (Hordain, La Janais, Trémery).

Belgique

La fermeture emblématique d’Audi Brussels a mis fin à 3 000 emplois (annonce janvier 2025), symbole d’une production électrique haut de gamme qui n’a pas trouvé son marché.

Europe de l’Est

Les équipementiers y déplacent une partie de la production :

  • Forvia et Valeo prévoient des réductions réparties entre Pologne, République tchèque et Hongrie (plans dévoilés printemps 2025, chiffres précis encore agrégés).
  • Des transferts internes vers la Turquie et la Pologne se multiplient, souvent sans annonce officielle de suppressions locales mais avec des impacts sur l’emploi ouest-européen.
Espagne, Italie, Royaume-Uni

Espagne  : plans d’adaptation chez Stellantis Saragosse et Ford Valence (été 2025), sans volumes comparables à l’Allemagne.

Italie  : réorganisations chez Stellantis et Magneti Marelli (été 2025), chiffres dispersés.

Royaume-Uni  : rationalisations limitées chez JLR et dans la chaîne des sous-traitants, surtout via non-remplacement des départs (annonces étalées sur le 1er semestre 2025).

Transition électrique plus coûteuse et plus lente que prévu, baisse de la demande sur certains segments, coûts énergétiques élevés : les directions invoquent une combinaison de facteurs économiques et technologiques.

L’automobile européenne traverse bien une crise structurelle. L’Allemagne absorbe la plus grande partie des coupes localisées, la France subit une érosion plus diffuse mais profonde, et l’Est du continent capte les transferts de production. [1]

Suppressions d’emplois (annonces officielles/estimations)Détails et contexte
Allemagne > 51 500 (2024-2025) Crise majeure, Bosch (13 000 suppressions à venir), Volkswagen (35 000 à 2030), Ford, Continental fortement impactés
France ≈ 38 600 pertes depuis 2020 Suppressions chez Stellantis, Valeo, Michelin ; 75 000 emplois industriels pourraient disparaître d’ici 2035
Belgique ≈ 3 000 (fermeture Audi Brussels début 2025) Perte très symbolique pour l’industrie belge
Europe de l’Est > 15 000 (estimations) Transferts internes vers Pologne, République tchèque, Hongrie, Turquie
Europe (total, estimé) > 70 000 suppressions prévues (2025-2030) Affectent équipementiers et constructeurs ; transition énergétique et pression concurrentielle renforcent la crise

Notes :

[1Les chiffres sont des estimations basées sur les annonces faites officiellement ou recensées par la presse en 2024-2025. Les pertes incluent suppressions directes, plans sociaux, fermetures d’usines et transferts de production, mais peuvent encore évoluer en fonction des plans sociaux en cours et des mesures de reclassement qui peuvent atténuer les chiffres finaux, ainsi que par l’accumulation d’annonces chez les petites et moyennes entreprises directement concernées par la chaîne de valeur du secteur automobile.

Message d'abonnement

Ces articles peuvent vous intéresser :

Dossier Renault et la Russie, je t’aime moi non plus

De leader du marché russe à potentiel fabricant de drones pour l’armée ukrainienne, Renault adopte une stratégie qui pourrait l’éloigner durablement de l’Est du continent. Avant 2022, la Russie était son deuxième débouché mondial derrière l’Europe, avec presque la moitié du résultat opérationnel automobile du groupe. Une présence aujourd’hui suspendue, sans certitude de retour.

Soutenez-nous

Faire un don

En 2024, nous avons bâti un journal unique où les analyses se mêlent à l’actualité, où le récit se mêle au reportage, où la culture se mêle aux questions industrielles et internationales. Faites un don pour continuer l’aventure.