Une longue et lente agonie, faite de fermetures et de restructurations régulières, jusqu’ici mises sous le tapis. Mais la saignée tant redoutée est arrivée : au premier semestre 2024, c’est 32 000 emplois qui ont disparu.
Une liste qui s’agrandit de jours en jours
Interrogé par divers médias, le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, ne se veut pas rassurant. Et pour cause, il sait que les difficultés rencontrées par la filière sont structurelles et que, malgré les sonnettes d’alarmes tirées depuis des années, trop peu de choses ont été faites pour inverser la vapeur. Concernant les fermetures d’usines, « il y en aura probablement d’autres dans les semaines et les mois qui viennent » disait-il au micro de France Inter ce samedi 9 novembre.
Il aura fallu que Michelin annonce la fermeture de deux usines, entraînant 1 254 travailleurs, pour que le sujet soit mis sur la place publique. Mais le pneumaticien ne vient que s’ajouter à une longue liste de fournisseurs ayant baissé le pavillon ces derniers mois : des géants comme Forvia ou Valeo aux « plus petits » comme Walor (Ardennes) ou Anderton Castings (Loire), c’est toute la chaîne de valeur qui est touchée ; et autant de familles qui sont laissées sur le carreau.
Les organisations patronales comme les organisations de travailleurs alertent pourtant depuis des années.
Un cycle infernal
La CGT se montrait inquiète dès 2020 des conséquences sur l’emploi dues aux fluctuations entre le marché de l’électrique et le marché du thermique. Concrètement, de nombreuses usines ont été remaniées pour produire des pièces à destinations de véhicules électriques, mais les débouchés et les clients restent parfois introuvables. Là où les fluctuations du marché entre les moteurs Diesel et essence n’ont pas d’effet direct sur l’emploi, un site dédié à la production de véhicules électriques se retrouve inévitablement à l’arrêt au cas où n’y a pas de clients ; les machines et les compétences demandées étant souvent très différentes.
Même constat du côté patronal, puisque le président de la Fédération des industries des équipements pour véhicules (Fiev) évoquait en septembre dernier une perte possible de « la moitié des emplois [dans la filière] sur les cinq années à venir ».
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Depuis des décennies, les groupes européens privilégient la marge aux volumes. Ils préfèrent fabriquer des véhicules de grande taille, avec une forte valeur ajoutée pour augmenter leurs marges, ce qui rend de fait inaccessible l’achat d’une voiture neuve pour l’écrasante majorité des ménages.