Cette annonce suit de près celle d’un autre équipementier français, Forvia (ex-Faurecia), qui prévoit la suppression de 10.000 postes d’ici à quelques années. Des décisions détonantes, tant le secteur de l’automobile est appelé à se réinventer dans la décennie à venir.
Des virages stratégiques brutaux
La direction de Valeo évoque un trop peu de commandes signant un « déficit d’activité ». Des difficultés qui toucheraient singulièrement ces sites convertis partiellement aux systèmes d’hybridation et d’électrification pour s’adapter à la transition européenne vers le tout-électrique. Dans un marché mondial en ébullition, ces technologies ne trouveraient pas leur marché.
L’aveu d’un retard stratégique est fait à demi-mots par le groupe. Les 350 travailleurs du site de L’Isle-d’Abeau étaient par exemple engagés dans la production de systèmes de moteurs électriques 48 volts pour les véhicules hybrides, qui ne sont plus beaucoup demandés aujourd’hui.
Une double peine en prévision, puisque Valeo indiquait en début d’année sa volonté de supprimer 1 150 postes dans le monde, en prévision de la fusion de ses deux branches consacrées aux systèmes thermiques et aux systèmes de propulsion.
Les contradictions du court-termisme
Cette annonce n’est pas isolée et s’inscrit dans une restructuration globale des équipementiers historiques. La période ne leur est pas favorable, les rapports de force s’inversent et les constructeurs chinois – notamment – prennent une avance considérable dans la filière électrique. De plus, le renouveau de « l’intégration verticale », employée par Tesla et BYD, s’oppose frontalement à la vieille stratégie occidentale de la sous-traitance par le biais d’équipementiers.
L’intégration verticale est une stratégie qui permet à une entreprise de contrôler au maximum sa chaine de valeur, en intégrant de nouvelles activités à sa production. Par exemple, l’entreprise chinoise BYD maîtrise la production de ses voitures, des mines de lithium jusqu’aux navires de transports en passant par la fabrique des freins et des suspensions. C’est la fin du système basé sur la sous-traitance.
S’y ajoutent les investissements conséquents que suppose le grand virage vers le tout-électrique ; des investissements que les équipementiers semblent préférer à l’étranger, là où la production thermique est en expansion.
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Difficile contradiction à dépasser que celle des virages stratégiques et de la préservation de l’emploi. Le court-termisme ambiant qui caractérise l’industrie depuis de nombreuses décennies se bute aux nouvelles réalités d’un marché dominé par une économie planifiée. Les travailleurs en paient d’ores et déjà les frais.