La 14ème étape du Tour traverse pas moins de 3 départements et il faut être du coin pour savoir ce qui ressort du Pays basque, du Béarn ou de Gascogne. Le premier est quand même plus près de la côte atlantique que les deux autres et sa langue en diffère profondément. Quant au Béarn, il acquiert sa notoriété au XIVème siècle et sa plus grande renommée au XVIème siècle avec l’irruption du roi de Navarre, notre fameux Henri IV. Sachez cependant que, où que vous soyez, de Bordeaux à Biarritz et du sud d’Agen à Foix, vous êtes en Gascogne.
Des notions à retenir, surtout au long des Pyrénées quand, en passant en Espagne on vous expliquera que dans une bonne partie de ce territoire, côtés espagnol comme français vous êtes en fait dans le Piémont pyrénéen, voire parfois en Catalogne selon les sensibilités locales.
Un détour en Espagne
En France, ces distinctions valent surtout dans les discussions d’apéro. En Espagne, que vous ne manquerez pas de visiter en longeant les Pyrénées -ne serait-ce que pour les prix attractifs du jambon fumé, des cigarettes ou de l’alcool- l’affaire est plus importante.
Leurs offices de tourisme ayant tendance à ne pas imprimer de brochures en français, ne vous avisez pas de dire que leur langue, latine, ressemble à l’espagnol. « No, és català » vous répondra-t-on pour bien marquer la différence avec l’espagnol qui se dit « No, es catalán ». Le détour chez nos voisins ibériques vaut quand même le coup. Les pêcheurs y trouveront leur compte avec une Garonne, des rivières et des lacs poissonneux pour un coût modeste. La carte de pêche y est de 23,40€ à l’année (112 € en France) et, dans certains villages, elle est gratuite pour les plus de 60 ans.
Treizième étape

Pau, le Gave et ses cailloux…
Si vous choisissez de suivre fidèlement le parcours de cette étape, vous débutez par Pau (78 620 habitants), capitale du Béarn qui offre pour cette raison un patrimoine riche mais postérieur au XIIème siècle, la ville n’existant pas réellement auparavant. Tout comme n’existe sans doute pas l’institution Notre-Dame de Bétharram, l’actuel maire (François Bayrou) semblant douter qu’elle ait jamais existé. Heureusement, hors son histoire et ses nombreuses activités touristiques, Pau est aussi connue pour son gave (rivière en français) qui prend sa source au Cirque de Gavarnie, à 100 kilomètres de là.
Évitez d’y aller en été, déjà en raison de la surfréquentation des lieux mais aussi parce qu’en période de sécheresse ce n’est qu’un minuscule pissou qui chute goutte à goutte de 422 mètres. C’est beaucoup d’efforts quand, après 1h30 de marche depuis le village, il vous reste à parcourir 500 mètres au milieu de la pierraille. Soyez prévoyants pour vous restaurer, les tarifs de l’hôtel du Cirque, magnifiquement situé, sont à la hauteur du site doublement inscrit au Patrimoine mondial de l’Humanité par l’Unesco. À plus de 500 € la nuitée/demi-pension pour deux, ça fait cher une vue sur des cailloux…
Sortir de Lourdes pour l’apprécier
Cette digression sudiste nous a fait sauter Lourdes dans les Hautes-Pyrénées, trop connue pour qu’on s’y attarde ici. La ville (13 266 habitants) est malheureusement consacrée aux marchands du Temple qui vous proposeront de véritables bondieuseries ringardes. Heureusement, notre correspondante sur place, Sylvie Benoît, vous propose de découvrir les alentours de toute beauté, à pied ou à vélo.
Quelques villages présentent ensuite un intérêt architectural majoritairement religieux à Saint-Savin (340 habitants), Adast (250 habitants) ou Esquièze-Sère (417 habitants). Puis on franchit à nouveau le gave de Pau sur le pont monumental de Luz-Saint-Sauveur (1 200 habitants) qui, une fois passé, offre la vue sur les vestiges du château-fort Sainte-Marie du Xème siècle à Esterre (190 habitants).
Malgré sa taille, Barèges (230 habitants) possède la station thermale la plus haute de France. Elle est spécialisée dans les séquelles de traumatismes articulaires, d’entorses, fractures et luxations et dans la rhumatologie.
Luchon, ville d’eau
Encore moins de villages ensuite, mais des lieux prestigieux comme le col du Tourmalet et ses 2 115 mètres escarpés qui croisent cependant, en descente, Campan (1 500 habitants) avec quelques sites anciens. Mais l’ancienne « grande ville » du secteur est surtout réputée pour un de ses enfants. Le célèbre Mariolle, grognard de plus de deux mètres réputé pour ses facéties qui imposèrent l’expression « faire le mariolle ».
Carrefour sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle, Arreau (810 habitants) est une très jolie commune avec sa mairie à arcades, son église fortifiée et son Château des Nestes, ancienne commanderie accueillant les cagots (lépreux).
De là, on file vite vers des lieux proches de la précédente étape comme Loudervielle et le col de Peyresourdes (1 569 m.) avant de plonger en Haute-Garonne vers l’arrivée à Bagnères-de-Luchon (2 700 habitants). La station thermale est la plus fréquentée du Midi-Pyrénées et c’est aussi une station de ski réputée, Superbagnères qu’on rejoint en huit minutes grâce à la télécabine. Comme toutes les villes d’eau et de sports, elle propose de nombreuses activités tout en n’étant pas submergée de touristes.
Balades tranquilles à plus de 2 200 mètres
Pour découvrir la montagne à votre rythme, sportif ou pépère, quittez Luchon par la D618A vers le col du Portillon. Quand vous le pouvez, prenez une de petites routes qui vont vers la vallée, comme au Coume des Régadés à Saint-Mamet (552 habitants) Il vaut mieux se munir de chaussures de marche car l’endroit se mérite et grimpe à plus de 2 200 mètres. Et toujours vérifier avant de partir en balade que les animaux sont admis dans les parcs Natura 2000 des Pyrénées, les autorisations et interdictions pouvant varier d’une vallée à l’autre.
En fin de balade, à 18 kilomètres de l’autre côté du Col, faites un saut en Espagne, à Bossòst où posé sur une terrasse, vous pourrez déguster glace ou bière au bord d’une Garonne telle que nous ne la connaissons pas en France.