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Histoire

1791-1804 : De la révolte à l’indépendance d’Haïti

Accès libre
Mise à jour le 23 octobre 2024
Temps de lecture : 6 minutes

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Caraïbes Haïti

À la veille de la Révolution française, Saint-Domingue représentait 30 % de la production mondiale de sucre, plus de la moitié de café et quelque 36 % du coton des Caraïbes. En 1789, le peuple français décide d’en finir avec le régime de la monarchie et se révolte. Cela va motiver les esclaves à profiter de l’affaiblissement de l’État colonisateur et déclencher une aspiration irrésistible à la liberté qui voit naître, dans la nuit du 14 août 1791, la cérémonie du Bois-Caïman. Parmi les révoltés, un certain Toussaint Louverture.

À lire aussi : Le 4 août 1789, une date clé pour la Révolution et la France moderne

On n’en dit presque rien à l’école, mais deux ans après la Révolution française, les Haïtiens se sont révoltés contre leurs maîtres coloniaux français. C’est le premier soulèvement anticolonial couronné de succès au cours duquel les révolutionnaires noirs ont successivement vaincu les Français, les Britanniques, les Espagnols, puis à nouveau les Français et déclaré l’indépendance d’Haïti. Si la Révolution française est le symbole de la percée de la bourgeoisie en Europe, la révolution haïtienne est celui de la percée de l’anticolonialisme et de la lutte pour les droits de l’homme, pour tous les humains.

Cérémonie du Bois-Caïman et Toussaint Louverture

Août 1791. Plusieurs milliers d’esclaves sur des dizaines de plantations se soulèvent dans le nord de la colonie française de Saint-Domingue. Le 14 août, Boukman, prêtre vaudou, organise la cérémonie du Bois-Caïman, pour lancer la révolution haïtienne. Cette première révolte, vite tuée dans l’œuf par l’armée occupante, ne tait pas l’élan révolutionnaire, au contraire.

Rappelons qu’entre 1789 et 1790, la traite négrière à Saint-Domingue connaît « ses plus belles années » : on y compte alors entre 450 000 et 600 000 esclaves. La colonie représente les deux tiers du commerce colonial français et produit plus de sucre – l’« or blanc » – et de café que toutes ses rivales étrangères. Les denrées les plus lucratives font l’objet d’un monopole national, mais la contrebande avec les colonies environnantes et les États-Unis est florissante. Le boom économique, fondé sur la servitude d’Africains déportés et sur les discriminations raciales, engendre de multiples tensions : dans la colonie, entre la colonie et la métropole, et entre les empires.

Toussaint Louverture commandant de l’armée victorieuse

Après le soulèvement d’août 1791, les insurgés ne tardent pas à prendre possession des campagnes tandis que les principales villes restent aux mains des élites coloniales. La plupart des sucreries sont détruites, une partie des planteurs sont massacrés, mais des témoignages évoquent aussi la clémence des esclaves vis-à-vis de leurs anciens maîtres. L’affranchissement général des esclaves est proclamé en août septembre 1793. Les armées républicaines françaises, essentiellement composées de « nouveaux libres », viennent à bout des Espagnols et de leurs alliés britanniques. Toussaint Louverture, commandant de l’armée victorieuse, s’installe à la tête de l’île réunifiée. Dirigeant de l’Île, Toussaint Louverture fait rédiger en 1801 la première constitution haïtienne, texte qui consacre l’égalité entre tous les citoyens, quelle que soit leur couleur. Une première dans l’histoire de l’humanité.

En 1802, Napoléon Bonaparte veut y rétablir l’esclavage et y expédie des troupes chargées de restaurer son autorité. Malgré la reddition de Toussaint Louverture, l’armée napoléonienne est battue à Vertières le 18 novembre 1803.

1ᵉʳ janvier 1804, proclamation d’indépendance d’Haïti

L’événement a révélé chez les troupes blanches des pulsions exterminatrices contre les Noirs et un discours peu compatible avec l’idéal de civilisation prôné par la République consulaire. L’indépendance des États-Unis, l’effervescence de la pensée abolitionniste, le contexte révolutionnaire français et l’effondrement de l’autorité publique dans les Antilles ont rendu possible le soulèvement généralisé de toute la société coloniale.

Le 1ᵉʳ janvier 1804, la colonie devient un État indépendant, Haïti. Cette indépendance marque la fin du plus grand soulèvement d’esclaves jusqu’alors, qui a donné de l’espoir aux peuples colonisés du monde entier. Voilà ce que représente la première révolte d’esclaves victorieuse de l’histoire. La première république noire indépendante, aussi. Là où Napoléon a perdu plus d’hommes qu’à Waterloo. Car l’importance d’Haïti ne se mesure pas à la taille de son territoire, mais à son histoire révolutionnaire.

Chronologie
  • 1791, 22 août : Début du soulèvement général dans le nord de Saint-Domingue.
  • 1793 : Les Britanniques et les Espagnols lancent une expédition à Saint-Domingue avec l’appui d’esclaves révoltés. À Saint-Domingue, proclamation de l’abolition.
  • 1794, 4 février : La Convention nationale ratifie l’émancipation générale.
  • 1798 : Toussaint Louverture, nommé chef de l’armée coloniale en 1797, chasse les Britanniques de l’île.
  • 1802 : Bonaparte lance une expédition à Saint-Domingue pour y rétablir l’esclavage. Toussaint est arrêté et déporté.
  • 1803, 18 novembre : Bataille de Vertières qui marque la défaite définitive des troupes françaises.
  • 1804, 1ᵉʳ janvier : Indépendance d’Haïti.
  • 1825 : Une expédition de Charles X impose à Haïti le remboursement d’une dette visant à satisfaire les anciens planteurs.
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