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Charles Monnet / Isidore Helman (graveur) - Public Domain
Abolition des privilèges

Le 4 août 1789, une date clé pour la Révolution et la France moderne

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Mise à jour le 5 août 2024
Temps de lecture : 3 minutes

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Révolution

La nuit du 4 août 1789 signe l’abolition de droits et privilèges féodaux. Pour les paysans, qui devront racheter une grande partie de ces droits, on peut voir un marché de dupes. Ce moment demeure cependant un acte majeur de la Révolution.

En 1788, les caisses de la France sont vides. Louis XVI est obligé de convoquer les États Généraux, seuls susceptibles de modifier le système fiscal. Noblesse et clergé veulent conserver leurs privilèges ; le Tiers-États (95 % de la population) ne veut plus être pressuré.

Rédigés à la fin de l’hiver, les cahiers de doléances attestent de ce fractionnement social et des exigences des paysans et des gens des villes qui veulent vivre mieux et autrement. Le 20 juin 1789, les États Généraux deviennent Assemblée constituante. À Paris, du 12 au 14 juillet, les couches populaires protestent contre le prix du pain et bientôt s’en prennent à la Bastille, symbole du pouvoir absolu du roi ; dans les campagnes, les paysans s’inquiètent : les cahiers de doléances et leurs revendications n’ont toujours pas reçu de réponse. La colère gronde. Un peu partout, les paysans s’arment ; certains châteaux, certaines abbayes sont attaqués ou brûlés : c’est la Grand’Peur.

La noblesse et le clergé s’inquiètent. Cette vague révolutionnaire va-t-elle tout emporter ? Durant la nuit du 4 août, l’Assemblée constituante vote la suppression d’un certain nombre de droits et la possibilité offerte aux paysans de racheter les autres.

Voici ce que Marat, directeur de l’Ami du Peuple jusqu’à son assassinat le 13 juillet 1793, écrit à ce sujet : « Gardons-nous d’outrager la vertu, mais ne soyons dupes de personne. Si c’est la bienfaisance qui dictait ces sacrifices, il faut convenir qu’elle a attendu un peu tard pour élever la voix. Quoi ! C’est à la lueur des flammes de leurs châteaux incendiés qu’ils ont la grandeur d’âme de renoncer au privilège de tenir dans les fers des hommes qui ont recouvré leur liberté les armes à la main !

C’est à la vue du supplice des déprédateurs, des concussionnaires, des satellites du despotisme, qu’ils ont la générosité de renoncer aux dîmes seigneuriales et de ne plus exiger des malheureux qui ont à peine de quoi vivre ! C’est à la vue des noms des proscrits, et à la vue du sort qui les attend qu’ils nous accordent le bienfait d’abolir les garennes, qu’ils nous permettent de ne pas nous laisser dévorer par les animaux…

Presque tous ces privilèges particuliers tombent nécessairement par la promulgation des lois générales qui doivent les révoquer ; pourquoi donc en avoir fait l’objet d’autant d’arrêtés particuliers ? Ne nous laissons pas éblouir par du clinquant ; et en dépit des médailles, des fêtes, des Te Deum, proposés pour célébrer ces grands sacrifices, sachons les apprécier. »

Cette nuit du 4 août n’est-elle pas le passage obligé des possédants pour le rétablissement du calme ? Une lourde déception touche beaucoup de paysans : cette abolition partielle les oblige à un rachat onéreux, voire impraticable d’une grande partie des droits ; il s’agit d’un marché de dupes ! Mais l’historien Michel Vovelle indiquera de façon pertinente : « La pratique commence à corriger l’inachèvement du nouveau droit : il se dessine un refus collectif d’acquitter les prestations anciennes. Quelles que soient les limites de sa portée, la nuit du 4 août conserve une importance majeure dans le déroulement de la Révolution et plus largement dans l’histoire de la France moderne ».

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