Une réunion extraordinaire du bureau de l’Escapade s’est tenue le 24 octobre dernier au cours de laquelle le président de l’association, Jean-Luc Dubroecq, a lu un courrier du maire d’extrême droite, Steeve Briois. Ce dernier annonce faire jouer la clause qui figure dans la convention signée bien légèrement par le président de l’association Jean-Luc Dubroecq, sans consulter le bureau. Cette clause permet à la municipalité de dénoncer la convention de mise à disposition du bâtiment et de récupérer le lieu dans un délai de soixante jours.
Les craintes des membres du bureau qui reprochaient depuis des mois à Jean-Luc Dubroecq d’avoir capitulé devant le RN et de lui avoir permis, en signant la convention en catimini, d’expulser l’association culturelle et de faire du bâtiment qu’elle occupait une salle de spectacle municipale se sont donc confirmées.
Selon nos informations, le président Dubroecq a refusé de transmettre le courrier aux membres du bureau qui lui en ont fait la demande. Depuis le début de la crise, il refuse de répondre à la presse. En conflit ouvert avec les membres de son bureau, il continue visiblement de croire avec une certaine naïveté que sa signature au bas d’une convention comportant une clause permettant à la municipalité d’expulser l’association serait restée sans conséquences si le directeur du centre culturel, aujourd’hui en arrêt maladie, ne s’était pas opposé aux ingérences répétées de la municipalité RN avec le soutien d’une partie du bureau de l’association.
Vers l’expulsion de l’association
Pour le RN, les critiques des membres du bureau de l’Escapade seraient l’œuvre de militants d’extrême gauche traités par Christopher Szczurek, le sénateur RN, de « salauds » dans les colonnes du magazine municipal du mois d’octobre.
La grève des artistes en soutien au directeur de l’Escapade et les annulations de spectacles auront servi de prétexte à la municipalité d’extrême droite pour chasser une association culturelle que l’extrême droite rêvait d’abattre depuis de longues années. Dans un communiqué publié le 24 octobre dernier sur sa page Facebook, Steeve Briois affirmait avoir « décidé d’engager une réflexion sur le statut du théâtre de l’Escapade » et annonçait qu’« au cours du premier trimestre 2025, les élus devront trancher entre différentes options mais le seul objectif est que ce haut lieu culturel retrouve son lustre d’antan ».
Réaction du syndicat des professionnels du théâtre
La décision de M. Briois de ne pas reconduire la convention avec l’association et de municipaliser le lieu pour y proposer une programmation qui sera très éloignée des ambitions culturelles qui étaient jusqu’à présent celles de l’Escapade semble déjà prise.
Un Conseil d’administration de l’Escapade est programmé ce lundi 25 novembre. La dénonciation de la convention liant la ville à l’association sera à l’ordre du jour.
Le Syndicat National des Professionnels du Théâtre et des Activités Culturelles (Synptac-CGT), réuni au TNP à Villeurbanne pour son 15ᵉ congrès, a réagi, soulignant dans un communiqué que :
« La situation d’Hénin-Beaumont, ville-laboratoire du FN/RN, doit interpeller tous les personnels technique, administratif et d’accueil du spectacle vivant, alors qu’en 2026 auront lieu les élections municipales. Après avoir développé une stratégie de normalisation, à Hénin-Beaumont, la majorité RN dévoile son vrai visage, autoritaire : changement de la convention liant la Ville au théâtre (sans vote du conseil d’administration), réaffectation de fonctionnaires territoriaux qui travaillaient pour le théâtre et n’avaient pas l’heur de plaire à la mairie, mise sous pression du directeur, en arrêt-maladie, baisse des subventions, etc. À l’instar de ce qui s’est déjà fait dans d’autres villes aux mains de l’extrême-droite (notamment dans le Sud-Est), voilà ce qui arrive quand l’extrême-droite est au pouvoir ».