L’ancienne MJC d’Hénin-Beaumont, véritable institution culturelle créée en 1969, avec ses ateliers de danse et de théâtre, est devenue depuis plusieurs décennies une des scènes culturelles qui rayonne sur tout le bassin minier. Régulièrement, des pièces coproduites par l’Escapade sont sélectionnées au festival d’Avignon.
Sa programmation 2024-2025 est encore une fois pleine de promesses avec de belles propositions artistiques à la fois pour le grand public et pour le jeune public.
Des propositions audacieuses pour tous les publics
On pense notamment à « La solitude du coureur de fond », d’Alan Sillitoe, mis en scène par la Compagnie Yaena, joué le 5 novembre à 14h, qui raconte l’histoire d’un ancien prisonnier et de son monologue intérieur durant une course d’endurance qui s’inscrit dans un programme de réhabilitation.
On ne manquera pas « La puce à l’oreille », de la compagnie L’Embellie, déjà joué au 9/9 bis d’Oignies, qui passe à l’Escapade le 26 novembre, à 14h pour les scolaires et 19h en tout public. Sarah Carré et Jean-Bernard Hoste se sont rendus dans plusieurs collèges du territoire, dont le collège Paul Duez de Leforest, et nous livrent un podcast théâtral ponctué de paroles d’élèves.
Les amateurs de danse devraient être fascinés par « Tsuru », le spectacle de danse de la compagnie Ahimsa. Chinatsu Kosakatani propose un solo poétique et interactif mêlant danse et origami qui aura lieu le 2 décembre à 14h et 19h et le 3 décembre à 10h et 14h.
Audrey Chapon et la compagnie LaZlo seront sur scène le 10 décembre, à 14h et 19h, pour un spectacle plein de tact et d’émotion intitulé « Seuls les arbres pleurent toujours » sur le thème des violences intra-familiales.
Le 16 janvier, on parlera de révolution à l’Escapade avec un spectacle de la compagnie In Extremis joué à 14h et 20h, intitulé « Rien n’a jamais empêché l’histoire de bifurquer » mis en scène et interprété par Anne Conti sur un texte de Virginie Despentes qui interroge la notion de frontière et de liberté.
Des artistes inquiets pour l’indépendance de l’Escapade
Anne Conti, justement, est intervenue sur la scène de l’Escapade lors de l’ouverture de saison, juste après le discours du président de l’association, Jean-Luc Dubroecq.
Se faisant porte-parole des artistes de la région inquiets des risques d’une municipalisation du centre culturel par la mairie RN et venus sur scène déployer une banderole, Anne Conti a lu un communiqué demandant notamment « le maintien du financement du lieu », la réécriture de la convention afin de garantir « la liberté de l’association dans la gestion artistique » et « la reprise de la direction artistique » par le directeur actuel Jean-Yves Coffre « avec la garantie qu’il puisse mener à bien sa mission ».
Comme l’a raconté Liberté Actus, Jean-Luc Dubroecq, président de l’Escapade depuis plus de vingt ans, est contesté par une partie de son bureau qui lui reproche son caractère accommodant vis-à-vis de la municipalité RN.
Figure du monde culturel héninois, respecté par tous, Jean-Luc Dubroecq, à qui le RN reprochait sa « servilité » du temps où Steeve Briois était dans l’opposition, n’a pas voulu se battre pour conserver à l’Escapade une employée municipale détachée sur le poste de programmatrice jeune public et victime en 2023 d’une mutation-sanction. Tout au contraire, il a demandé le licenciement du directeur arrivé en 2020, Jean-Yves Coffre, dont le RN d’Hénin-Beaumont demande la tête sur fond d’accusations de « harcèlement moral » dont le bureau de l’Escapade ignorait tout. Les deux agents municipaux mis à disposition par la ville à l’Escapade qui se plaignent d’avoir été mal accueillis par Jean-Yves Coffre ont porté plainte contre le directeur et ont pris… l’avocat du RN.
La crise à l’Escapade a pris une dimension politique : tandis que Jean-Luc Dubroecq a refusé toutes les demandes d’interview de La Voix du Nord, de Télérama et de Mediapart, la municipalité RN, interpellée au conseil municipal par le groupe d’opposition de gauche Osons pour Hénin-Beaumont, communique par droit de réponse et dénonce une volonté de putsch contre le président qui serait l’œuvre de membres du bureau « d’extrême gauche ».
Les attaques de la municipalité RN contre le bureau de l’Escapade ne sont évidemment pas de nature à rassurer les artistes mobilisés à l’aube d’une saison qui témoigne paradoxalement de la qualité du travail de Jean-Yves Coffre et de son équipe.
