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Les dirigeants du SPF avec Tony Estanguet
Entretien

Christian Lampin, secrétaire national du Secours pop’ œuvre pour l’accès au sport

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Temps de lecture : 7 minutes

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JO 2024 Tour de France 2024

Le Secours populaire français, c’est 90 000 bénévoles et 1 300 permanences d’accueil. Surtout connue pour l’aide d’urgence, en France pour les personnes fragiles, à l’international en intervenant pour les victimes de catastrophes, l’association œuvre aussi au développement et à l’épanouissement humain à travers notamment la pratique sportive et les loisirs.

Rencontre avec Christian Lampin, secrétaire national du « Secours Pop ».

La vocation multiple et humaine du Secours populaire s’inscrit dans l’Histoire. Pouvez-vous expliquer ?

Après la guerre, les premières actions portaient sur l’accompagnement des personnes qui rentraient des camps de concentration et sur leur accès aux droits. Dans les années 50 et 60, nous avons commencé à faire partir les enfants défavorisés en vacances. Nous avons toujours œuvré au développement et à l’épanouissement humain. Après le 15 août, nous faisons partir plus de 2000 gamins sur les plages de la Côte d’Opale ou de Deauville.

Parlons sport, précisément. Le Tour de France vient de se terminer et les JO de Paris commencent. Le SPF est toujours présent.

L’an passé, en 2023, le Secours a aidé 32 000 personnes pour l’accès au sport. Dans ce domaine, nous développons des partenariats avec des événements sportifs. On sait que les personnes en précarité ont des difficultés à aller vers ces événements, d’abord parce qu’elles pensent que ce n’est pas pour elles, alors nous cassons les barrières culturelles.

Après, il y a l’aspect financier. Avec nos partenariats, nous permettons à des enfants et à des familles d’assister à de grandes épreuves sportives, nationales et internationales, sans avoir à débourser 100 ou 150 euros. Cela concerne le foot, le basket, le hand, etc. Bien sûr, cela ne semble pas, a priori, être une priorité, et pourtant, pouvoir aller sur ce type d’événement, c’est être en mesure de participer, de faire comme les autres. Donc, c’est fondamental.

Seconde porte d’entrée : nous proposons des journées découvertes pour les enfants. Cela se fait le plus souvent en association avec le mouvement sportif. Le monde du sport et de la solidarité ont de nombreuses convergences. On a affaire à des bénévoles de part et d’autres et les valeurs du sport sont les mêmes que celles de la solidarité. L’éducation populaire se retrouve dans le mouvement sportif.

Des vélos neufs pour des centaines de jeunes

Quelle est votre action avec le Tour de France ?

Voilà 17 ans que nous avons le soutien de la fondation d’entreprise FDJ. Avec cette dernière et Amaury Sport Organisation (ASO), nous proposons le dispositif « Les oubliés du sport » pour permettre à un millier de jeunes de découvrir le Tour de France. Ce projet a été initié par le FDJ et le Secours populaire en 2008 pour, précisément, favoriser l’accès aux loisirs et à la pratique sportive des jeunes et pour leur faire découvrir le cyclisme de haut niveau.

Avec les enfants du spf et Christian Prud’homme - ASO lors d’une remise de vélos au siège du Secours populaire

D’une manière générale, l’opération Tour de France se décline sur dix étapes. À chacune de ces étapes, une centaine de jeunes que nous accompagnons assistent au passage des cyclistes et de la caravane publicitaire. C’est quand même mieux de vivre ces moments en direct que devant un écran. Mais nous leur proposons aussi des animations ludiques et des ateliers éducatifs. Par exemple, nos bénévoles apprennent aux jeunes à réparer un vélo tout comme nous leur apprenons l’histoire du Tour de France. Enfin, pendant cette journée d’étape, nous les initions à la pratique du cyclisme BMX (bicycle motocross). Nous sommes toujours dans cette logique d’éducation populaire.

Vous allez plus loin en équipant les jeunes. Comment faites-vous ?

Des vélos neufs, avec casques, sont offerts à des enfants défavorisés sur ces dix villes étapes. Nous le faisons avec le concours d’ASO, de la Fondation française des jeux, de la Fédération française de cyclisme, de la Française des Jeux. Outre la pratique sportive, ces enfants peuvent disposer d’un matériel de mobilité de qualité auquel ils n’auraient pas accès autrement.

Comment trouver les financements nécessaires ?

Les bénévoles du SPF réfléchissent aux dispositifs de financement. Ceux-ci existent, mais souvent, on n’y a pas accès parce que l’on ne sait pas toujours. Par exemple, dans le département du Nord, les collégiens peuvent bénéficier d’une prime de 50 euros pour faire du sport. En le sachant, on peut mettre ce financement en œuvre et donc mettre la solidarité en mouvement. Ce faisant, en menant les jeunes aux pratiques sportives, on peut mieux lutter contre leur sédentarisation et leur tendance, de plus en plus répandue, à rester derrière leurs écrans. Pour nous, l’essentiel est de casser la barrière du « pas possible » et de permettre la pratique du sport pour la santé et le bien-être. Ce n’est pas la compétition qui nous motive.

Venons-en aux Jeux olympiques. Le SPF s’est attaqué à une très grosse machine ?

Oui, mais on l’a vu arriver, la grosse machine ! Dès que la France s’est positionnée pour être candidate, nous nous sommes rapprochés du mouvement sportif et de Tony Estanguet, l’actuel président du comité d’organisation des JO, mais qui à l’époque portait la candidature de la France. Il est parrain du Secours populaire et, dans le passé, il avait pris beaucoup d’initiatives en faveur de l’accès au sport des enfants. Alors, avec Julien Lauprêtre, nous nous sommes inscrits dans cette démarche suggérée par Tony Estanguet et du comité d’organisation : nous avons soutenu la candidature de Paris pour les JO 2024.

Billetterie solidaire pour les JO

Les JO sont un événement planétaire, avec beaucoup d’argent à la clé et des enjeux économiques énormes. Comment le SPF s’est-il inscrit dans ce soutien ?

Nous nous sommes simplement dits que, outre les enjeux que vous évoquez, il faut que ces JO soient aussi des jeux solidaires. Et il faut donner la possibilité aux gens qui vont être à proximité des grands événements de pouvoir participer, sinon on va de nouveau exclure une partie de la population. Nous avons aussi mis en avant l’aspect héritage des JO qui va permettre d’encourager les jeunes à la pratique du sport. Et je n’oublie pas bien sûr les jeux paralympiques. Nous avons obtenu des choses intéressantes comme la billetterie solidaire qui permet à ceux qui achètent des billets sur internet de faire un don. Cela nous a permis de faire une cagnotte afin d’acheter des places pour des familles défavorisées.

Vous continuez à développer les villages « Copains du Monde » ?

Bien-sûr. Nous envisageons d’en créer un en Chine. Nous sommes aussi une association internationaliste. Ici, le plus connu de ces villages est sans doute celui de Gravelines, dans le Nord. Ce qui nous intéresse, c’est mettre en mouvement la solidarité. On explique aux jeunes du mouvement qu’ils peuvent être auteurs et acteurs de leur propre solidarité. Ces villages leur permettent de se rencontrer, de se connaître, d’échanger. C’était le message de Julien Lauprêtre : « Il faut apprendre aux enfants à s’aimer plutôt qu’à s’entre-tuer ». Les « Copains du Monde », c’est la mondialisation de la solidarité.

Propos recueillis par Philippe Allienne
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