Ces derniers mois, la direction de l’établissement, dans l’étau de la politique de la diminution des dépenses publiques, a engagé des réductions drastiques de l’offre de soins psychiatriques : fermeture de services d’hospitalisation, d’un hôpital de jour, restructuration des Centres médico-psycho-pédagogiques (CMPP), diminution des moyens humains. Certains patients attendent désormais plus de six mois pour bénéficier de soins pourtant essentiels.
Pour le collectif national « Le Printemps de la psychiatrie », ces décisions ne relèvent pas d’un simple manque de moyens. Elles traduisent une conception du soin qui fait primer le biologique sur le psychique et le social, comme si les troubles mentaux se résumaient à un dysfonctionnement neurochimique à corriger, sans tenir compte de la personne, de son histoire ni de son environnement.
Cette dérive vers une psychiatrie standardisée, déshumanisée, est dénoncée par les professionnels, les soignants et les usagers mobilisés à Lavaur. Une manifestation a rassemblé personnel et patients contre la fermeture programmée de 25 unités de soins. D’autres rassemblements ont suivi et une pétition a déjà recueilli plus de 1 600 signatures.
Pour « Le Printemps de la psychiatrie », la situation à Lavaur est emblématique d’un glissement généralisé : un abandon progressif du soin psychique, remplacé par des logiques comptables et sécuritaires. Loin de répondre aux besoins des populations, cette politique produit de l’exclusion et de la maltraitance.
Le collectif appelle donc à un véritable plan d’urgence pour la psychiatrie, intégrant une programmation budgétaire ambitieuse et une reconnaissance pleine de la complexité humaine. Il plaide pour une psychiatrie publique, populaire, qui respecte les droits et la dignité des personnes.
Face à cette alerte, les autorités de santé évoquent des réaménagements « concertés ». Mais sur le terrain, le personnel et les patients attendent des actes. Et une chose est sûre : sans réorientation claire vers une psychiatrie humaine, les tensions ne feront que s’aggraver. C’est ce qui est à craindre avec les mesures d’ultra-austérité annoncées par le gouvernement.