Les professionnels s’inquiètent principalement de l’accès aux soins quand il reste moins de 20 000 pharmacies en France, ainsi que de la pénurie chronique de médicaments.
Selon une récente commission d’enquête du Sénat constituée à la demande des groupes communiste et écologiste, 37 % des Français déclarent avoir été confrontés à des pénuries de médicaments en 2023.
La production de médicaments est entrée dans une logique de marché. La pandémie de Covid-19 a accentué les pénuries structurelles résultant de la délocalisation massive de la fabrication de médicaments courants. La production de principes actifs est concentrée autour de quelques fournisseurs asiatiques. L’activité à flux tendus est vulnérable aux arrêts de production, qui sont pourtant fréquents.
4 925 ruptures de stocks ou risques de rupture ont été enregistrés par l’Agence de sécurité du médicament en 2023. L’amélioration de l’accès aux soins au niveau mondial et le vieillissement des populations devraient, ces prochaines années, placer la production de médicaments sous forte tension et aggraver le phénomène.
Le secteur pharmaceutique est « un bénéficiaire important d’aides publiques et d’incitations fiscales », et même « l’un des principaux bénéficiaires » de ces dispositifs en France. En 2020, il a bénéficié de près de 710 millions d’euros en crédit d’impôt recherche.
Les grands industriels pharmaceutiques réalisent des profits via des brevets obtenus grâce à des découvertes financées par des fonds publics. Ces constats ont conduit les députés communistes à proposer un projet de loi pour un service public du médicament, enregistré à la présidence de l’Assemblée nationale le 21 février 2023.
En matière de santé, l’Union européenne ne détient qu’une compétence d’appui aux politiques menées par les États membres. Mais la crise sanitaire de 2019 a fait émerger une « Europe de la Santé » chargée de gérer l’approvisionnement en médicaments et dispositifs médicaux en cas de crise sanitaire majeure.
Léon Deffontaines, tête de liste de La gauche unie pour le monde du travail aux élections européennes, rappelle que les décisions prises par l’Union européenne « ont un impact sur la mise en concurrence, sur les travailleurs et la perte de souveraineté. En matière sanitaire, l’Europe peut donc être un levier afin de retrouver cette souveraineté ».