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Médecine

Vers les xénogreffes, une révolution chirurgicale ?

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Mise à jour le 28 septembre 2024
Temps de lecture : 4 minutes

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Santé

Une xénogreffe est une greffe où le donneur et le receveur appartiennent à des espèces différentes. Elle représente un espoir pour de nombreux patients en attente d’un cœur ou de rein, qui décèdent parfois avant de pouvoir bénéficier d’une greffe interhumaine.

Le préfixe xéno signifie « étranger » en grec ancien, et il est curieux de constater l’engouement subit pour la xénogreffe à l’heure où le rejet de l’étranger, la xénophobie, fait la « Une » de bien des journaux.

L’idée de remplacer un organe déficient en greffant celui d’un autre être, s’inscrit dans la longue durée des aspirations humaines, dans les légendes et les mythes, mais aussi dans la crainte de provoquer des menaces insoupçonnées, à l’exemple de la créature du Docteur Frankenstein.

Ce n’est qu’au début du XXe siècle que les techniques chirurgicales ont permis de réaliser les premières greffes d’organe entre humains. Et dès le départ, la question s’est posée du donneur ; qui utiliser ? où trouver le donneur compatible ?

La première transplantation rénale réussie fut réalisée entre jumeaux homozygotes – entre de vrais jumeaux, le rejet n’est pas à craindre – mais chaque humain n’a pas un jumeau ou une jumelle pour suppléer à la déficience d’un organe. Et, si le don intra-familial s’est développé, il ne permet de satisfaire qu’une très petite minorité des demandes et ne peut concerner qu’un organe en double comme le rein (encore que le don d’utérus entre sœurs, ou mère et fille, a été réalisé, l’organe étant retiré après la naissance espérée).

Comment rendre acceptable la présence d’un organe étranger quand le système immunitaire est prêt à rejeter l’intrusion de la moindre particule virale ? On a commencé par utiliser les corticoïdes, puis on a mis au point des traitements antirejets en utilisant des immunosuppresseurs. Ce fut aussi le début de la partie « glauque » de cette avancée médicale avec l’apparition des trafics d’organes. C’est que la demande de greffe s’est révélée, d’emblée, bien supérieure à l’offre d’organes prélevés sur les personnes décédées qui avaient autorisé les prélèvements post-mortem. D’où l’idée d’utiliser des animaux.

Pour des raisons éthiques et sanitaires, on a renoncé à utiliser des primates et grâce aux progrès récents de la génomique, on a humanisé d’autres animaux pour les rendre compatibles. Et parmi les rares espèces utilisables, c’est le porc qui satisfait le mieux aux exigences anatomiques et fonctionnelles de l’organisme humain.

C’est ainsi que la greffe de gènes humains à des embryons de porc pour créer des lignées utilisables, puis des transplantations d’organe sur des personnes en mort encéphalique, ont permis, récemment, de faire fonctionner des reins pendant deux mois, sans rejet notable.

La révolution des xénogreffes est en cours : actuellement, des singes survivent depuis plus deux ans avec des cœurs de porcs humanisés porteurs de 10 modifications génétiques, et avec les traitements antirejets utilisés dans les transplantations interhumaines.

Les études sur les xénotransplantations s’accélèrent avec des résultats de plus en plus probants. Au point que la problématique de l’éthique est sur le point d’être renversée : ne pas transplanter et laisser mourir un patient par crainte du rejet, ou transplanter et utiliser les immunosuppresseurs avec, au besoin, toute la palette des nouveaux traitements qui pallient les insuffisances d’organes.

Les autorisations des principales agences sont attendues pour bientôt…

Dans ce contexte révolutionnaire, les échecs font malheureusement partie des possibilités. Mais de leur analyse, la sécurité des transplantations, qu’elles soient entre humains ou entre espèces différentes, ne fait que progresser.

La découverte d’un cytomégalovirus porcin lors d’un rejet de greffe survenue au bout de deux mois, alors qu’elle semblait réussir, incite à encore plus de minutie dans l’examen des greffons.

Dernièrement, plusieurs études ont permis de comprendre et de remédier aux rejets de certaines greffes, notamment en découvrant la présence insoupçonnée de cellules immunitaires dans les transplants. Il s’agit de cellules de l’immunité innée — macrophages, monocytes, cellules NK — présentes dans les deux espèces.

De même, outre le rein d’un porc génétiquement modifié pour éviter un rejet immédiat, des médecins ont transplanté le thymus du porc, avec l’espoir que cette glande, importante dans la réponse immunitaire, aide les cellules du receveur à identifier celles du porc comme étant les siennes.

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