Les biologistes protestent contre la diminution du montant des actes d’analyses médicales, qui réduirait leurs tarifs de 10 % et dégraderait l’accès aux soins. Les laboratoires, qui réalisent 500 000 analyses quotidiennement et rendent 90 % des résultats dans la journée, jouent un rôle important dans la prise en charge des malades, et la politique de prévention.
70 % des diagnostics médicaux s’appuient sur des examens biologiques, qui sont également indispensables au suivi de pathologies chroniques, de la tolérance de traitements médicamenteux, ou encore au dépistage.
« Décision unilatérale »
L’enveloppe budgétaire allouée au remboursement des analyses biologiques était fixée à 3,8 milliards d’euros pour 2024. Mais une hausse des demandes d’analyses sur les premiers mois de l’année a conduit la Caisse nationale d’Assurance maladie (CNAM) à revoir le budget à la baisse, malgré une participation forfaitaire de 2 euros à charge de l’assuré appliquée depuis le 15 mai, afin de récupérer 120 millions d’euros sur les quatre derniers mois de l’année.
Les syndicats dénoncent une « décision unilatérale » parue le 3 septembre au Journal Officiel, sans concertation préalable, réduisant les tarifs des analyses biologiques de 10 %.
Avec des coûts fixes de fonctionnement qui suivent l’inflation générale, la profession s’alarme. Si le nombre de sites de prélèvements est relativement stable depuis 2014, le nombre de laboratoires d’analyses a quant à lui diminué de moitié sur la même période, conduisant les prélèvements effectués en proximité de plus en plus loin. Le Dr Lionel Barrand, président du syndicat Les biologistes médicaux, craint une situation de shutdown en fin d’année. « À court terme, nous ne pourrons pas faire autrement que de baisser l’offre en fermant des laboratoires de proximité. Cela peut aussi mener à la réduction des horaires d’ouverture ». Avec un risque de report vers les urgences de l’hôpital toujours sous tension.
Conséquences de la crise sanitaire : un défi pour la nouvelle ministre de la Santé ?
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IST : Des membres de CRS atteints de gonorrhéeEn décembre 2021, le coût de la campagne de dépistage pour stopper la pandémie de Covid 19 était estimé à 6 milliards d’euros. Le Projet de Loi de Financement de la Sécurité sociale adopté en 2022 prévoyait donc une économie de 250 millions d’euros par an jusqu’en 2026 dans le secteur d’analyses médicales pour équilibrer les comptes publics. Soit un milliard d’euros sur quatre ans. Une décision ayant déjà généré un mouvement de grève suivi à plus de 95 % en novembre 2022 chez les biologistes dénonçant « des stratégies fantaisistes » de dépistage pendant la crise sanitaire.
La profession conteste aujourd’hui le passage en force d’un nouveau coup de rabot budgétaire en cours d’année civile.
Thomas Fatôme, directeur général de la CNAM, réfute les accusations d’actions « unilatérales » sur la baisse des tarifs de biologie médicale et critique les syndicats pour avoir exagéré son impact sur leur chiffre d’affaires, ainsi que le sur les risques de perforation du maillage territorial. Il appelle les syndicats à « reprendre le dialogue ». Les discussions seront menées avec Geneviève Darrieussecq, nouvelle ministre de la Santé.