Associé aux famines et à la misère, le scorbut est décrit depuis le Moyen Âge. Fatigue, douleurs musculaires, chute des dents sont des signes du scorbut qui peut provoquer la mort en quelques semaines par hémorragie.
L’origine de cette maladie, fléau de la navigation au long cours, n’a été identifiée qu’au début du XXᵉ siècle avec la découverte du concept de vitamines, présentes dans les aliments frais. Le scorbut est dû à une carence profonde en vitamine C. L’adjonction de jus de citron et d’orange dans l’alimentation des matelots a éradiqué la maladie de la marine.
Par la suite, la vitamine C, qui n’est pas produite par le corps, a été synthétisée et commercialisée par l’industrie pharmaceutique.
« Conséquences de la précarité socio-économique »
L’AP-HP, l’INSERM, l’université de Paris-Cité et l’hôpital de Cayenne en Guyane ont mené une étude devant l’augmentation de 33 % du nombre d’hospitalisations des enfants pour scorbut entre 2020 et 2023. Parallèlement, les chercheurs ont observé une augmentation des cas de malnutrition chez les enfants âgés de 4 à 10 ans, qui représentent 50 % des patients hospitalisés pour scorbut. 33 % de ces petits malades ont des parents bénéficiaires d’une Couverture Maladie Universelle, suggérant un lien entre précarité et maladie.
L’inflation due aux crises géopolitiques et économiques ne permet plus aux familles défavorisées d’accéder aux produits frais, comme les fruits et les légumes, riches en vitamines.
Les spécialistes tirent le signal d’alarme : « le retour inquiétant de cette maladie met en lumière les possibles conséquences de l’augmentation de la précarité socio-économique depuis 2020 sur l’état nutritionnel des enfants en France. »
Les besoins de l’enfant en vitamine C sont de 30 à 50 mg par jour. Une orange en contient 47,5 mg pour 100 g. Le scorbut, forme extrême d’une alimentation carencée, se guérit par la prise d’1 gramme de vitamine C par jour. Il est cependant regrettable de devoir prendre des comprimés non remboursés d’une vitamine qu’une alimentation équilibrée apporte.
Quand de nombreux Français renouent avec des traditions culturelles, offrir une orange pour Noël à un enfant représente, plus qu’une coutume, un acte de prévention.
L’accès pour les enfants à des produits frais de qualité constitue un véritable enjeu de santé publique.