C’est à partir de ce bilan que la section communiste de Lens conviait ce 13 mars les journalistes. Les militants lancent une campagne pour la création d’un CHU.
« La responsabilité de 600 morts chaque année »
L’ancien parlementaire n’y va pas avec le dos de la cuillère. Avec tous ses dossiers en main, il sait que le département du Pas-de-Calais a 20 ans de retard sur le reste de l’hexagone en matière de santé. « Il y a 20 ans, appuie-t-il, on me disait que ce retard était dû au passé minier ; que les conditions particulières de notre territoire avaient eu des répercussions sur l’espérance de vie ». Mais il refuse catégoriquement cet argument. « La dernière mine du département a fermé en 1990, et depuis nous n’avons quasiment pas rattrapé notre retard ! ».
Après une étude minutieuse des indicateurs disponibles, il affirme que le bassin minier se situe, en termes de densité médicale, bien en dessous de la moyenne hexagonale qui est de 83 médecins pour 100 000 habitants. Dans la commune de Sallaumines, ce chiffre serait seulement de 31 pour 100 000 lorsqu’à Avion, il atteint difficilement les 59 pour 100 000.
Le taux de surmortalité est pire encore d’après D. Watrin. « Plus d’un million d’habitants du Pas-de-Calais vivent sur des territoires où la surmortalité avant 65 ans dépasse de plus de 45 % la moyenne hexagonale ! ». « Ce chiffre monte à plus de 60 % sur certains territoires, comme celui de Lens – Hénin-Beaumont. », lance-t-il pour illustrer son agacement face à la situation. Pour lui, les choses sont claires : les décisions politiques et les financements ne suivent pas, « à un moment, il faudra mettre les responsables devant leurs responsabilités, on parle de 600 morts chaque année ».
Des victoires et des luttes
Une fois le bilan tiré, place aux réponses. Pour Michèle Carbonnier, Vice-présidente du Conseil d’administration de la CNRACL, il faut un Centre hospitalier universitaire (CHU) dans le Pas-de-Calais. Un argument de taille : il s’agit du seul département de plus de 1,5 million d’habitants à ne pas en avoir.
Et il faut dire qu’en plus du passé minier, l’autre argument qui est brandi face à eux, c’est « qu’on ne forme pas assez de médecin ». Ou plutôt « qu’on ne peut pas former de médecin, car il n’y a pas assez d’universités sur place ». C’est à nouveau Dominique Watrin qui nous éclaire là-dessus. Une dizaine d’étudiants font à l’université de Lens leur première année en PASS (Parcours d’Accès Spécifique Santé), qui permet d’accéder ensuite aux études de santé ; notamment pour être médecin. Problème, une fois cette première année réalisée, ils ne peuvent pas poursuivre leur cursus dans la ville et s’en vont « souvent à Amiens ».
Michèle Carbonnier en sait quelque chose. Adjointe communiste dans la commune de Sallaumines, elle est en première ligne face aux préoccupations des habitants. « Les médecins ne restent pas, c’est le serpent qui se mord la queue » tance-t-elle.
Pour l’ancien sénateur, « l’une des préoccupations des médecins dans le choix de leur installation, c’est aussi d’être à proximité d’un hôpital d’excellence ». Là aussi, le CHU semble répondre à la problématique. Et d’ajouter : « On ne demande pas la lune, on demande à construire un projet cohérent, entre l’Université existante et le nouvel hôpital en construction, une coopération qui pourrait demain irriguer tout le territoire ».
Pour gagner cette bataille, les communistes de Lens lancent dès le 6 avril prochain une campagne, armés d’une pétition qu’ils comptent bien faire parvenir au président de la République. « On exige la dignité, on va remuer Lens en long, en large et en travers ! », conclut Kamel Ben Azouz, chef de file du PC pour les élections municipales sur la ville.