Soins à l’eau douce, jets à contre-courant pour stimuler la motricité ou pour cibler les parties du corps douloureuses. Les nouvelles installations du service de balnéothérapie de l’hôpital de Zuydcoote n’en finissent pas de faire rêver. Prévue pour la fin 2025, l’ouverture de cet espace en ferait l’un des meilleurs au nord de Paris. Au point que le directeur de l’établissement, François Dhaine, ose comparer les nouveaux équipements avec ceux utilisés par les joueurs du PSG.
Une culture du soin différente
Si la comparaison ne manque pas de panache, elle a le mérite d’illustrer une réalité : le projet est ambitieux et constitue une source de fierté pour les personnels soignants qui y voient une innovation en phase avec l’ADN de l’hôpital. Interrogé pour Liberté Actus, Gautier Delcambre, délégué CGT et aide-soignant dans le service des brûlés, l’affirme : « ça va être quelque chose de nickel, on va pouvoir vraiment soigner les gens ». Une exigence toujours présente dans l’histoire de cette institution.
À l’origine, un sanatorium construit en 1910 par l’industriel et homme politique français Georges Vancauwenberghe, l’hôpital maritime a traversé les deux guerres mondiales, les trente glorieuses puis le tournant du XXIe siècle en gardant deux caractéristiques principales : une spécialisation dans certains domaines comme le traitement des grands brûlés et un accompagnement des patients très poussé. « Ici, on a une culture du soin différente » explique Gautier. « C’est un hôpital familial où on prend le temps de s’occuper des patients ». Une logique qui s’illustre notamment par la présence d’un service de repas directement préparés sur place, avec des produits locaux de qualité.
Un modèle menacé
Pourtant, la CGT l’assure, cette exigence de qualité se maintient au prix d’intenses luttes des personnels soignants. La santé, comme beaucoup d’autres services publics, subit les conséquences d’une politique qui privilégie la rentabilité à la qualité. Cette logique se traduit par un changement de vocabulaire. « Avant, on faisait des soins, maintenant on parle d’actes » rappelle Gautier. Mais c’est bien d’un point de vue budgétaire que les conséquences de cette gestion libérale de la santé se ressentent le plus. « Chaque année, au moment de voter le budget de la Sécurité sociale, on baisse le seuil de l’Ondam (Objectif national des dépenses d’assurance maladie qui fixe le montant des dépenses à ne pas dépasser en matière de soins de ville et d’hospitalisation). Cela fait que les hôpitaux se retrouvent en déficit. » Une situation que connaît bien l’hôpital maritime dont les comptes affichent un bilan négatif de 4 millions d’euros.
50 emplois sur la sellette
Dans un tel contexte, la direction de l’hôpital cherche à faire des économies en visant d’abord les personnels soignants. Ici, ce sont 50 emplois qui pourraient être sacrifiés. Avec cette donnée en tête, l’arrivée du service de balnéo, qui devrait coûter plus de 6 millions d’euros à l’établissement, apparaît également comme une source d’inquiétude pour Gautier Delcambre. « C’est nous qui allons devoir rembourser l’endettement de l’hôpital avec nos actes », déplore l’aide-soignant pour qui la qualité des services proposés à Zuydcoote se maintient grâce à ses personnels. Il tient d’ailleurs à le rappeler : « Ce sont nos batailles qui ont obligé la direction à rouvrir la balnéo », faisant référence à la pression exercée par les syndicats pour réhabiliter le service fermé une première fois en 2019.
De cet exemple résulte une certitude pour le syndicaliste : la défense d’un service public de santé de qualité passe par la mobilisation. Et de conclure : « Il faut soutenir les personnels soignants dans leurs luttes, car c’est important qu’on continue à soigner les nôtres. » Entendez : tous les citoyens, sans distinction sociale.