Le 6 mars dernier, Bruno Le Maire justifiait devant le Parlement le décret annulant 10 milliards d’euros d’engagement budgétaires. « Est-il possible de continuer à dépenser 5,7 milliards d’euros par an pour le transport médical des patients ? ». Il défendait l’idée des transports partagés pour optimiser le déplacement d’un véhicule pouvant effectuer des détours de 10 km par patient.
Baisse drastique des revenus et des centaines d’emplois menacés
Les trajets en taxi, principal mode de transport des malades, représentaient 44 % des dépenses de transports sanitaires en 2022. Une dépense dans le viseur de Michel Barnier, qui dès début octobre s’interrogeait dans l’émission L’Évènement de France 2 : « Est-ce qu’on ne peut pas faire mieux ou aussi bien avec un peu moins d’argent ? ».
Près de 40 000 taxis assurent du transport sanitaire. Le projet prévoit une diminution de la rémunération des artisans taxis de 1,67 € à 0,98 € le kilomètre. Les représentants de la profession craignent une diminution de leur chiffre d’affaires de 40 à 50 %. Avec une hausse des charges liées à l’inflation, ce sont des centaines d’emplois qui pourraient être menacés.
Dans certaines zones rurales, le transport médicalisé représente jusqu’à 90 % du chiffre d’affaires des professionnels qui prennent en charge des malades n’ayant pas d’autre option pour se déplacer.
« Mesure de maltraitance »
Les associations de patients voyaient déjà dans l’obligation du transport partagé une « mesure de maltraitance » frappant « ceux qui n’ont pas d’autre choix que d’être transportés pour des traitements vitaux, éprouvants, récurrents ». C’est par exemple le cas pour les patients dialysés, ou ceux atteints d’un cancer suivant une chimiothérapie ou des séances de radiothérapie. Pour ces personnes fragiles parfois éloignées des établissements de santé, le taxi est un maillon indispensable de l’accès aux soins.
Thomas Fatôme, directeur général de la Caisse Nationale de l’Assurance Maladie, assurait sur France Info qu’« on n’est pas du tout au bout des discussions ». Des discussions pourtant suspendues par la décision du Premier ministre d’utiliser l’article 49.3 de la constitution pour imposer son budget.