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Loïc Pen, Léon Deffontaines, Marie-Ange Layer. (photo : Akli)
Hauts-de-France

Les communistes lancent une campagne pour la santé

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Mise à jour le 14 février 2025
Temps de lecture : 6 minutes

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PCF Santé

Déserts médicaux, casse de l’hôpital public, manque de médecins spécialistes et surmortalité dans la région : dans les Hauts-de-France, les élus communistes veulent faire bouger les lignes et lancent une campagne pour un plan d’urgence santé.

Lors d’une conférence de presse organisée le 30 janvier au siège du Conseil régional, à Lille, les conseillers régionaux des Hauts-de-France, accompagnés de Léon Deffontaines et des responsables de la fédération du Nord du PCF, ont lancé une grande campagne pour la santé. En fait, c’est l’ensemble des élus communistes de la région qui attirent l’attention sur les enjeux territoriaux de la santé pour laquelle ils réclament un plan d’urgence.

Territoires discriminés

« Face au mépris et à l’abandon des pouvoirs publics, il est temps de s’organiser », explique Léon Deffontaines. La situation sanitaire n’est bien sûr pas uniforme sur l’ensemble des territoires régionaux. Mais elle est alarmante et révèle des « territoires discriminés en densité médicale ». Par exemple, disent-ils, «  Le Nord et la Somme sont les deux seuls départements qui ont une densité médicale moyenne supérieure à la moyenne nationale (90,5 pour le Nord et 95,5 pour la Somme). Ces départements sont les deux seuls de la région à disposer d’un Centre hospitalier universitaire. Pourtant, les disparités y sont énormes.  » Il faut donc se garder des chiffres moyens.

Dans l’ensemble des Hauts-de-France, on dénombre 81,8 médecins généralistes pour 100 000 habitants. La région est à deux points en dessous de la moyenne nationale (83,9 médecins). Mais dans le détail, on trouve des territoires où l’offre de médecins généralistes est de 40 à 60 % inférieure à celle de la Métropole européenne de Lille. C’est le cas pour le Val de Sambre, la Communauté de communes Cœur d’Ostrevent, le sud de l’Avesnois.

Dans la Somme, souligne Léon Deffontaines, s’il y a plus de 124 médecins pour 100 000 habitants dans la métropole d’Amiens, « on trouve des zones blanches dans la communauté de communes de Terre de Picardie (54,8 médecins pour 100 000 habitants) et dans celle de Vimeu (66,6) ». Dans le Pas-de-Calais, l’indicateur moyen approche de 2,6 points la moyenne régionale (79,2 médecins contre 81,8). Si l’on regarde les communautés d’agglomération de Lens – Liévin, Béthune-Bruay, le Ternois, Sud-Artois, Pays d’Opale, Desvres-Samer, on tombe à 70 généralistes pour 100 000 habitants. Il est encore plus faible dans la Communauté de communes des 7 Vallées (50 généralistes) et dans le Pays de Lumbres (29 seulement !)

Les conseillers régionaux Loïc Pen et Marie-Ange Layer font des constats aussi négatifs dans l’Oise (60,2 généralistes pour 100 000 habitants mais des disparités très fortes) et dans l’Aisne (64,9 généralistes). « C’est dans ce dernier département, précise Marie-Ange Layer, qu’il y a le plus grand nombre de médecins âgés  ».

La décennie de tous les dangers

Pour les élus communistes, ce constat est le résultat de 40 ans de numerus clausus « qui ont causé un déficit de 70 000 médecins en moyenne ». Pour 50 000 médecins de plus de 60 ans, 16 000 seulement ont moins de 60 ans.

« La décennie actuelle, constatent-ils, est bien celle de tous les dangers pour les malades et la décennie suivante, avec un quota de formation rehaussé mais encore tout juste équivalent à celui de 1972, époque où il y avait 30 % de population en moins. »

Par-delà le constat, les communistes ne nient pas ce qu’il se fait en matière de prévention. Ils approuvent d’ailleurs la feuille de route départementale qu’a publié l’Agence régionale de santé (ARS) suite, fin 2023, à l’adoption du plan régional de santé. Cela porte par exemple sur l’amélioration de la participation au dépistage du cancer, aux mesures contre les inégalités sociales et territoriales de santé, la lutte contre l’obésité, les actions en direction des jeunes et des publics fragiles, etc.

Sauf que, s’accordent les élus, les moyens manquent terriblement. Le manque de médecins et le budget prévention de l’ARS, en baisse de 10%, sont pointés du doigt. Ils proposent donc des perspectives comme un CHU multipolaire, la multiplication des centres de santé, le développement de la prévention. Cela implique de former et fixer davantage de professionnels de santé sur le territoire. Il faudrait, disent-ils, « demander à l’ARS des objectifs chiffrés de réduction de la mortalité précoce avec un plan pluri-annuel cohérent et les moyens pour y arriver. » Et de questionner : «  Ne sommes-nous pas en droit d’exiger de l’État les moyens financiers et humains pour nous accompagner ? Il faudrait pour cela un tout autre budget de la Sécurité sociale que celui qui nous a été présenté par M. Barnier. »

Associer les citoyens

La campagne lancée par les communistes veut recueillir les témoignages des citoyens, professionnels de santé ou non, afin de dresser un état des lieux précis des besoins de santé sur le territoire des Hauts-de-France. Ils veulent aussi organiser des débats citoyens afin de réfléchir ensemble aux solutions les plus adaptées.

Enfin, l’objectif est de proposer un plan régional alternatif qui met les besoins des habitants au cœur des priorités. C’est possible, insistent-ils, « en renforçant la formation des professionnels de santé, en soutenant les hôpitaux publics et en défendant l’accès universel aux soins. » Un questionnaire de la campagne pour la santé dans les Hauts-de-France a été construit. Il permet de rejoindre cette initiative et de mobiliser les citoyens.

On y accède par ce lien -> Questionnaire de la Campagne pour la Santé dans les Hauts-de-France

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