Adoptée par 49.3 en décembre 2022 dans le Plan de Financement de la Sécurité sociale, la 4ᵉ année d’internat ne passe toujours pas. Les représentants syndicaux des internes se disent « convaincus de l’absence d’intérêt » pédagogique de cette mesure.
Cette réforme ne serait « qu’un moyen pour exploiter les internes une année de plus en prétextant l’amélioration de l’accès aux soins. »
Pourquoi les internes en médecine ont-ils ce sentiment d’être exploités, quand on leur oppose la gratuité de leurs études ?
Après la validation de leur 3ᵉ année, les étudiants ont le statut d’externe. Ils suivent des cours magistraux, et effectuent des stages à mi-temps. Des stages durant lesquels ils ne sont pas suffisamment encadrés, du fait de la pénurie de médecins seniors. Ils perçoivent une rémunération de 260 € bruts par mois en 4ᵉ année, 320 € en 5ᵉ année et 390 € en 6ᵉ année, ce qui représente respectivement 3,40 €, 4,30 € et 5,20 € brut de l’heure.
Les internes sont rémunérés 6,8 € de l’heure, soit en dessous du SMIC
En 7ᵉ année, les étudiants ont le statut d’interne. Ils effectuent des stages à temps plein à l’hôpital, où 25 % des postes de praticiens hospitaliers sont vacants. Les internes représentent 40 % des effectifs médicaux. Une enquête de l’Inter Syndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (ISNAR-IMG) révélait en 2020 que les internes travaillent en moyenne 58,4 h par semaine, soit dix heures de plus que le maximum légal de 48 h fixé par l’Union européenne et le décret de 2015 sur le temps de travail des internes. Ce temps ne prend pas en compte le temps consacré au travail de recherche.
Rapportée à leur rémunération, la valorisation horaire du travail des internes est de 6,8 € de l’heure, soit en dessous du SMIC.
Deux ans plus tard, les modalités de la 4ᵉ année d’internat demeurent floues. La question de l’encadrement des internes juniors sur des terrains de stage insuffisants n’est pas résolue.
Les étudiants craignent que, faute de terrain de stage en médecine libérale, la 4ᵉ année se résume à un travail hospitalier permettant d’assurer à moindre coût les effectifs médicaux.
Bastien Bailleul, président de l’ISNAR-IMG, dénonce une « réforme précipitée à des fins politiques, non préparée, inscrite dans un projet de loi de finances où elle n’avait pas sa place. »
Un projet de loi de financement dont le député Yannick Neuder a été rapporteur à l’Assemblée nationale avant d’être nommé ministre de la Santé et de l’Accès aux soins. Un projet de loi ayant conduit à la censure du gouvernement.