Inscrivant ses pas dans ceux de Jean-Michel Blanquer et du discours ambiant décliniste sur la baisse supposée du niveau des élèves, Gabriel Attal avait mis l’accent, comme nombre de ses prédécesseurs, sur « les fondamentaux », à savoir le français et les mathématiques – comme si les autres matières ne participaient pas à la formation des élèves – et annoncé une réforme de l’évaluation du brevet, en fin de 3ᵉ, afin de le rendre plus sélectif.
Les enseignants contre le tri des élèves
Depuis la rentrée 2024, les élèves de sixième sont donc répartis en groupes de niveaux, rebaptisés « groupes de besoin » par Nicole Belloubet, en français et en mathématiques, sur la base des évaluations nationales faites à l’école primaire et en début de sixième.
Les collèges procèdent en général à des alignements de classe en français et en mathématiques permettant un dédoublement : ainsi, les élèves de 6ᵉ A, B et C auront tous français en même temps, de 8h à 9h avec leurs professeurs respectifs, tandis qu’un petit groupe d’élèves « à besoin » issus de ces trois classes aura cours avec un autre professeur afin de mieux remédier à leurs difficultés.
Cette nouvelle organisation, faite à moyens constants, a suscité les pires difficultés dans les établissements qui ont dû consommer leur crédit d’heures consacré aux dédoublements uniquement sur le français et les mathématiques prioritairement au niveau 6ᵉ et n’ont donc pas pu les affecter ailleurs.
Sur le terrain, l’application des groupes de niveaux voulus par Gabriel Attal se révèle aléatoire. Une enquête du SNES-FSU, principal syndicat du secondaire, révèle ainsi qu’au 11 septembre, 64,5 % des collèges ne mettent pas en place les groupes de niveaux tels que voulus par Gabriel Attal. Beaucoup d’enseignants s’opposent à ce qu’ils considèrent être une forme de « tri » des élèves.
Si les groupes de niveaux, dont la mise en place a été pensée et préparée en amont des vacances scolaires, continueront au moins cette année, il n’en va pas de même pour la réforme du brevet, l’autre dispositif phare de la réforme Attal.
Depuis plusieurs années, le Diplôme national du brevet (DNB) était évalué sur 800 points : 400 points de maîtrise des compétences du socle commun et 400 points pour les épreuves terminales de français, mathématiques, histoire-géographie, sciences et technologie et pour l’épreuve orale sur un parcours choisi par l’élève. L’obtention du DNB n’était en tout état de cause pas nécessaire pour le passage en seconde.
Gel de la réforme, et après ?
Avec la réforme Attal, le poids du contrôle continu serait passé de 50 % à 40 %, avec un barème revu, fondé sur les moyennes obtenues tout au long de l’année et plus sur la maîtrise du socle commun de connaissances, de compétences et de culture. En cas d’échec au DNB, les élèves n’auraient pas pu accéder à la seconde, mais à une toute nouvelle classe de « prépa-seconde » pour les remettre à niveau.
Les textes venant préciser les modalités de l’évaluation n’étaient jamais parus, même si la ministre démissionnaire Nicole Belloubet annonçait qu’ils étaient « prêts » lors de sa conférence de presse de rentrée du 27 août dernier. Ils n’ont cependant pas été inscrits à l’ordre du jour du Conseil supérieur de l’éducation.
Prenant acte du fait qu’il n’était désormais plus possible de changer les modalités d’évaluation d’un examen national en octobre ou novembre, une fois l’année entamée, Nicole Belloubet a annoncé le gel pour l’année 2025 de la réforme du brevet, pour la plus grande satisfaction des syndicats enseignants, opposés à cette réforme.
La décision finale du maintien ou de l’abandon de la réforme du brevet pour la session 2026 reviendra au nouveau gouvernement et au futur ministre de l’Éducation, ce qui ne rassure en rien les syndicats enseignants.