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Éducation

Réforme : une formation des enseignants au rabais ?

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Mise à jour le 5 juillet 2024
Temps de lecture : 4 minutes

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École Éducation

C’est peu dire que la réforme de la formation des enseignants annoncée par Emmanuel Macron le 4 avril dernier inquiète syndicats et associations d’enseignants.

Comme l’indiquait un document de travail présenté par le ministère fin mars, les annonces du président de la République sont venues confirmer le remplacement des INSPE (Institut national supérieur du professorat et de l’éducation) par les ENSP (Écoles nationales supérieures du professorat) dès la rentrée 2025.

L’enterrement de la réforme Blanquer

Au-delà d’un changement de dénomination, c’est un véritable bouleversement de la formation des enseignants qui s’annonce. Alors que les concours de recrutement des professeurs (CRPE pour les professeurs des écoles, CAPES pour les professeurs de collège et lycée et CAPLP pour les professeurs de lycée professionnel) étaient situés depuis plus de trente ans à bac + 4, en fin de première année de master MEEF (Métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation), les réformes de Jean-Michel Blanquer les avaient déplacés depuis 2021 en fin de deuxième année de master.

Moins de trois ans après la réforme Blanquer, c’est un revirement total qui s’opère : les « écoles normales du XXIe siècle » promues par Gabriel Attal insèrent désormais le concours de recrutement à la fin de la troisième année de licence.

Parallèlement, la réforme de la formation des enseignants prévoit la création d’un cycle préparatoire aux nouvelles ENSP : il s’agit d’une licence préparatoire au professorat des écoles (LPPE) pilotée par les futures ENSP, pour le concours de recrutement au professorat des écoles ou de parcours de pré-professionnalisation dans les licences disciplinaires  ; et pour le CAPES de la création de deux modules « enseignement » soit deux semestres complets, dans les licences disciplinaires.

Au niveau du master, la réforme prévoit un « cycle supérieur des ENSP », formation professionnalisante de fonctionnaires stagiaires rémunérés (900 € en M1, 1 800 € en M2) des lauréats du concours, avec une titularisation anticipée en fin de M2.

Supposée remédier à la crise des vocations, la réforme enterre au passage le dispositif des Assistants d’éducation (AED) en pré-professionnalisation de la L2 au M1 mis en place dans le cadre de la réforme Blanquer qui n’aura donc jamais été évaluée. Les AED en pré-professionnalisation pourront néanmoins aller jusqu’au terme de leur contrat.

Une formation au rabais ?

Dans une tribune parue dans Libération, l’Association des professeurs d’histoire-géographie (APHG), le Comité national français de géographie et les associations d’historiens médiévistes, modernistes et contemporanéistes déplorent la disparition des écrits du CRPE pour les étudiants qui auront validé la licence préparatoire au professorat des écoles et plaident pour le maintien de questions thématiques au CAPES d’histoire-géographie.

Loin de répondre à leurs demandes, le projet de programme du nouveau CAPES d’histoire-géographie, que nous vous dévoilons dans Liberté Actus, a suscité une onde de choc dans les milieux enseignants : très vagues, les nouvelles questions au programme en histoire comme en géographie ne sont plus des questions thématiques comme auparavant, mais des questions très larges qui recoupent les programmes d’histoire-géographie du collège et du lycée, faisant craindre un abaissement du niveau de la formation.

« Recrutement des enseignant·es à BAC + 2,5 : aurons-nous les enseignants les moins formés d’Europe  ? » s’interroge le collectif contre la réforme des concours dans une pétition lancée sur Change.org.

La question mérite d’être posée. Pas sûr que le gouvernement veuille entendre la réponse des enseignants en colère et désabusés face à la litanie de réformes imposées d’en haut, jamais évaluées, et qui n’ont jamais réglé la question de l’attractivité du métier d’enseignant, qui passera inévitablement par une vraie revalorisation des salaires.

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