Par contre, c’est silence radio, voire justifications lorsque c’est l’État qui sacrifie l’avenir de ces mêmes enfants. Il s’agit pourtant de plusieurs dizaines de milliers de jeunes sacrifiés chaque année.
Cette fois, ce sont les élèves de carrosserie du lycée Professionnel Clerc, à Outreau (Pas-de-Calais), qui font l’actualité.
Le jeu des chaises musicales
Depuis la rentrée, élèves, parents et enseignants se mobilisent pour que les cinq enseignants prévus pour cette section soient avec les élèves. Or, trois manquent déjà et un autre, qui aurait pu être affecté dans l’établissement où il enseignait déjà, est muté à 300 km d’Outreau.
Une dernière décision de l’Éducation nationale qui scandalise tout le monde. L’Académie et l’ensemble de la machine éducative se retranchent derrière le principe de mobilité pour les enseignants contractuels ayant obtenu leur titularisation.
C’est le cas de cet enseignant, tellement bon que ce sont les profs qui l’ont poussé à passer le concours.
Et si le principe d’une gestion nationale des enseignants demeure bon, afin d’irriguer toute la France en profs, il est aujourd’hui utilisé par l’État à coup de tableaux Excel pour cacher la misère.
Car, sur les tableaux Excel, ce prof ne manque pas vraiment puisqu’il est partiellement remplacé par un prof contractuel de Dunkerque… qu’on imagine partiellement remplacé par un prof contractuel d’ailleurs, lui-même remplacé… Et notre prof, affecté en Région Parisienne, remplace d’ailleurs un prof contractuel qui se retrouve sans affectation.
Le jeu des chaises musicales institué en mode de gestion !
Une politique réfléchie
Car c’est bien de cela dont il s’agit. La décision, qu’on retrouve ailleurs en France, ne doit rien à la crétinerie de fonctionnaires zélés appliquant bêtement des critères comptables inhumains.
Rien d’idiot dans ce genre de décision. Le fond est que le gouvernement, son ministère et ses structures se moquent pas mal des conséquences de leurs actes sur les élèves comme sur les enseignants.
Ici, ce prof, marié et père de trois enfants en bas âge, est envoyé brutalement loin de chez lui. Bof ! Ils s’en remettront. Ou pas.
Là où dans une entreprise privée l’affaire serait traduite aux Prud’hommes, on a du mal dans l’Éducation nationale à la traiter de peur de voir resurgir le spectre dangereux de la déréglementation du service public. Un danger réel ; mais ce sont ces détournements du système, à des fins politiques qui risquent de le discréditer. Ces questions n’empêchent heureusement pas les élèves, les parents et les profs d’Outreau d’agir.
Pour eux, il manque des profs dans une section où les élèves sont chargés d’appliquer en stage d’entreprises les principes théoriques appris à l’école. Pour la préparation du Bac, ils doivent à cet effet réaliser une pièce… dont ils ignorent aujourd’hui tout !
Autant dire que c’est loupé depuis plus d’un mois.
Langue de bois contre réalité
Le ministère de l’Éducation nationale s’est quand même fendu d’une explication qui prêterait à rire si la situation n’était aussi grave.
« Le ministère détermine les capacités d’accueil de chaque académie en fonction des emplois qui lui sont octroyés pour l’année et des besoins disciplinaires exprimés par chaque académie lors d’une phase de dialogue bilatéral », en recherchant « une répartition équilibrée des lauréats des concours entre les académies pour assurer une répartition équitable des besoins ».
Une langue de bois qui irrite et pourrait bien amener des soutiens d’autres secteurs d’activités.