Dans un récent communiqué, la CGT des établissements d’enseignement supérieur et de recherche ne cache pas sa colère contre le Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Hcéres). Elle lui reproche de s’attaquer et de vouloir fermer des établissements universitaires publics destinés à favoriser la professionnalisation des étudiants. Parmi les dispositifs qui seraient menacés, le syndicat cite celui consacré aux missions professionnelles All-SHS (sciences humaines et sociales) qui concerne les étudiants des filières arts et lettres, langues, sciences humaines et sociales.
Le Hcéres auquel s’en prend la CGT FERC est l’autorité publique indépendante chargée d’évaluer les structures de l’enseignement supérieur et de la recherche, ou de valider les procédures d’évaluations conduites par d’autres instances. Par ses analyses, ses évaluations et ses recommandations, il accompagne, conseille et soutient la démarche d’amélioration de la qualité de l’enseignement supérieur et de la recherche en France. Ce Haut Conseil appuie son organisation sur un collège de 30 membres français et étrangers qui fixe le cadre général de son action. Chaque année, 3 500 experts sont mobilisés pour conduire les évaluations, avec le soutien des conseillers et chargés de mission scientifiques et des personnels administratifs.
Offres de formation au pilori
Or, estime la CGT FERC, l’indépendance du Hcéres semble s’effacer au profit de rapports qui vont dans le sens de l’idéologie néolibérale et pour répondre aux souhaits du gouvernement. L’objectif serait ainsi d’ « accélérer la destruction programmée de l’Enseignement supérieur public. » Pour expliquer ses soupçons et ses accusations, l’organisation syndicale s’appuie sur les rapports et avis du Haut Conseil de l’évaluation qui arrivent en ce moment pour les universités des Hauts-de-France, de l’Ile-de-France, de la Réunion et de Mayotte. « Ils mettent au pilori, écrit la CGT, de larges pans des offres de formation, en particulier pour les formations de second cycle. La proportion d’avis négatifs est en augmentation exponentielle soudaine par rapport aux deux vagues précédentes. »
Le syndicat objecte que les formations ne sont pourtant pas soupçonnables de mauvaise qualité et « les travailleurs et travailleuses de l’Enseignement supérieur et de la recherche, dans une économie de pénurie, maintiennent un niveau hors de comparaison » avec leurs collègues du secteur privé. Et le privé est en pleine croissance « grâce au soutien et à la masse d’argent public que les gouvernements successifs leur allouent depuis des années. »
Les exigences d’employabilité du patronat
La CGT en est convaincue : « Le constat accablant se situe bien plutôt du côté d’une instance d’évaluation qui, cette fois, est allée trop loin dans le déversement massif et outrancier de critiques qui n’ont pas d’autres fins que délégitimer les efforts des collègues après les avoir épuisés en servitudes bureaucratiques. »
L’ESR aurait ainsi affaire à une volonté délibérée de pousser les établissements à fermer ou à réduire les formations universitaires visées par le Hcéres. Cela coïncide avec la volonté de l’État (accélérée en ce moment) d’imposer une réduction drastique des financements des services publics, dont celui de l’enseignement supérieur et de la recherche.
La CGT voit dans cette orientation une « volonté de faire rentrer dans les rangs des collègues et des formations qui ne se plient pas aux exigences d’employabilité du patronat (…). » Elle revendique pour sa part un investissement massif dans l’ESR, l’ouverture des postes statutaires nécessaires, la dissolution du Hcéres telle qu’il existe.