Quelles différences peut-on trouver entre un fasciste français et un fasciste anglais ? Aucune. Ils se retrouvent dans leur idéologie raciste, identitaire et nationaliste, dans leur haine des étrangers sur qui ils font retomber tous les problèmes socio-économiques du pays d’accueil. L’appel de militants d’extrême droite anglais à mener des expéditions punitives dans les camps d’exilés de Calais montre qu’un nouveau cap est franchi.
Cet épisode est parfaitement cohérent au regard des émeutes racistes qui frappent le Royaume-Uni. Les migrants qui s’arrêtent à Calais ou à Dunkerque, avec l’espoir de passer de l’autre côté de la Manche malgré les risques, doivent aussi faire face aux menaces des groupes d’extrême droite.
Sur le littoral français, les associations d’aide aux migrants ont donné l’alerte en signalant une recrudescence des violences racistes à la frontière franco-britannique, dans le Calaisis et le Dunkerquois, depuis les élections européennes du 9 juin. « Cette situation préoccupante, lit-on dans un communiqué commun de ces associations [1], coïncide avec la montée du Rassemblement national (RN) dans les urnes, entraînant des tensions accrues et un climat d’hostilité d’autant plus fort vis-à-vis des communautés exilées. » À Calais, on sait que le député sortant LR a été battu par le candidat RN.
Paroxysme
Les actes constatés par les associations portent entre autres sur des intimidations verbales, des graffitis haineux comme ceux relevés les 11 et 13 juin derniers, sur les murs d’un squat à Calais, après que celui-ci ait été saccagé, des agressions physiques et des actions de harcèlement ciblé contre les migrants. Le 14 juin, précise Human Right Observers (HRO), un point d’eau mis à disposition des personnes vivant dans un campement à Dunkerque avait été contaminé avec un liquide chimique. « Ces violences ont connu leur paroxysme le 2 juillet dernier, lorsqu’un groupe de personnes exilées originaires du Soudan a été pourchassé en voiture par des Calaisiens. L’une d’elle a été percutée à deux reprises, avant d’être conduite au centre hospitalier de Calais. » Les bénévoles ne sont pas en reste. Certains font également l’objet d’intimidations.
Le rôle que joue désormais l’extrême droite anglaise, en prônant la chasse aux migrants sur le littoral français, aggrave une situation déjà très dangereuse. Cela ajoute au drame que vivent les personnes exilées en tentant, au risque de leur vie, de traverser le détroit. Neuf personnes sont mortes depuis le début de l’été.