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Olex Runda/shutterstock
Bétharram

Un rapport aux objectifs trop limités

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Mise à jour le 17 juillet 2025
Temps de lecture : 4 minutes

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Justice Religion Enfance

Née du scandale autour des révélations sur l’affaire des violences sexuelles et physiques qui se sont poursuivies pendant des décennies à Notre-Dame-de-Bétharram, la Commission d’enquête parlementaire sur les violences dans les établissements scolaires a publié son rapport, mercredi 2 juillet.

Le rapport sur les violences en milieu scolaire dénonce les violences physiques mais aussi sexuelles subies par nombre d’élèves comme à Bétharram dans les Pyrénées. Bétharram, c’est cet établissement huppé du Béarn où le Premier ministre François Bayrou a scolarisé plusieurs de ses enfants. Il n’est pas le seul concerné. On peut notamment citer le collège Stanislas à Paris ou même le Village d’enfants Riaumont à Liévin. Ce rapport révèle aussi comment l’omerta était organisée, systématique et voulue tant par les autorités de l’Éducation nationale que par les parents des élèves fréquentant ces établissements.

Générations brisées

Si les rapporteurs s’attendaient aux récits de «  violences verbales, psychologiques, physiques, sexuelles », ils n’avaient pas anticipé « les actes de torture, les enfants privés de nourriture ou de sommeil ». Ils ont été particulièrement marqués par la visite de l’établissement Riaumont, dans le Pas-de-Calais. « C’est une sorte de bagne dans lequel des générations d’enfants ont été brisées par des prêtres qui les ont fracassés, qui les ont violés, qui les ont affamés et qui les ont projetés dans une culture de la violence, une culture marquée par un militarisme, des idées d’extrême droite, des références au nazisme, en les amenant les uns les autres à se livrer à de véritables batailles rangées avec des haches ». Et pourtant, à l’époque, les autorités locales de l’Éducation nationale avaient alerté sans succès.

Le rapport de la commission d’enquête pointe notamment le rôle du Secrétariat général à l’enseignement catholique, « qui s’est imposé comme un intermédiaire central » entre l’État, le ministère de l’Éducation nationale et les établissements. Il rassemble aujourd’hui l’essentiel de l’enseignement privé. « Cet acteur est décrit dans certaines notes de cabinets ministériels comme un lobby. Il a manifestement des prérogatives exorbitantes alors qu’il n’est reconnu par aucun texte. Il s’est opposé de toutes ses forces au contrôle jusqu’à très récemment. »

Quid d’un grand service public national ?

Les deux co-rapporteurs proposent cinquante mesures pour mieux protéger les enfants, essentiellement des mesures d’inspection des établissements privés. Il faut savoir que l’un de ces rapporteurs, Paul Vannier (LFI) préconisait en mars 2024 de simplement moduler le financement des établissements privés sous contrat à partir de plusieurs critères dont une plus grande mixité sociale. Cette proposition a abouti, au prétexte de mixité socio-scolaire, à renforcer un enseignement privé aux mains du patronat et du capital cachés derrière l’église (96 % de l’enseignement privé est catholique). Il ne fallait donc pas attendre de ce rapport une remise en cause de l’enseignement privé dans son principe.

Et pourtant, comment mieux protéger les enfants, comment en faire de véritables citoyens éclairés que dans le cadre républicain de l’enseignement public et laïque ? C’est au travers de telles affaires que prend tout son sens la proposition fondamentale du PCF : « La question de la réunification de l’école dans un grand service public national est posée pour mettre un terme au séparatisme social et aux logiques de marchandisation de l’école. »

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