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Drame au large de Boulogne-sur-Mer

Naufrage de migrants, la conséquence d’un traitement policier exclusif

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Cathy Apourceau-Poly Calais Royaume-Uni

Douze morts, deux personnes disparues et deux blessés dans un état grave. C’est le bilan le plus lourd depuis le début de l’année. Le naufrage survenu ce mardi 3 septembre, au large de Boulogne-sur-Mer, pose à nouveau les mêmes questions.

Selon les services de secours, ils et elles étaient une soixantaine de personnes embarquées sur un canot qui s’est fracassé en fin de matinée. Elles venaient d’Érythrée, de Somalie et du Soudan.

Ce sont des sauveteurs du Cross et des marins pêcheurs qui sont venus porter secours aux naufragés. L’un de ces pêcheurs, Gaëtan Baillet, était encore sous le coup de l’émotion le lendemain. « Je ne m’attendais pas à trouver des morts » raconte-t-il. À Boulogne-sur-Mer en fin d’après-midi, le ministre de l’Intérieur démissionnaire, Gérald Darmanin, a exprimé son souhait de « rétablir une relation migratoire classique avec notre ami et voisin » britannique. Cela passerait par « un traité migratoire entre la Grande-Bretagne et l’Union européenne ». C’est ce que réclame la France depuis deux ans.

Un rapport resté lettre morte

Pour la sénatrice communiste du Pas-de-Calais, Cathy Apourceau-Poly, « la proposition de Gérald Darmanin de discuter avec les britanniques d’un nouvel accord migratoire européen a le mérite de révéler les limites des accords du Touquet. Mais il faut aller plus loin. Le rapport Vignon-Aribaud, commandé par Bernard Cazeneuve, au lendemain de la destruction de la jungle de Calais, donnait quelques pistes intéressantes pour un accueil décent des migrants sur le littoral. Mais aussi sur l’offre d’intégration, ici ou en Angleterre, par des voies légales. »

Mais, poursuit Cathy Apourceau-Poly dans un communiqué, « ces préconisations sont restées lettre morte. Et pourtant, c’est bien en ouvrant des voies légales de passage qu’on fermera celles, illégales et meurtrières, qui conduisent parfois des enfants venus du bout du monde pour vivre leur rêve, à la mort. »

Les associations d’aide aux migrants, sur le littoral Nord-Pas-de-Calais, ne disent pas autre chose. Parmi les migrants qui tentent la traversée, nombreux sont celles et ceux qui le font pour retrouver, au Royaume-Uni, des personnes de leur famille. Mais la politique sécuritaire et la répression mises en œuvre contre les migrants n’ont fait qu’aggraver les choses et les autorités préfèrent se cacher derrière la responsabilité des passeurs.

Le renforcement sécuritaire aggrave les choses

Il y a quelques années, les migrants tentaient de rallier l’Angleterre via le tunnel sous la Manche (en se dissimulant dans des camions) ou via les ferries transmanche au départ de Calais. Les conditions de sécurité ont rendu ces solutions impossibles. « Sur les côtes françaises, décrit Angèle Vettorello, coordinatrice de l’association Utopia 56, à Calais, plus de mille policiers supplémentaires ont été déployés cet été. Un avion de Frontex survole la zone, ainsi que des drones. Et il y a de nombreuses caméras. »

Ce sont précisément ces renforts de sécurité qui conduisent les migrants à prendre de plus en plus de risques, en partant de plus loin, et en s’entassant sur des bateaux non adaptés et peu sûrs.

Le drame survenu ce mardi révèle encore une chose déplorable : selon d’autres associations comme Osmose 62, lorsqu’il n’y a pas de mort, en cas de naufrage, les rescapés sont déposés sur les quais (en l’occurrence à Boulogne-sur-Mer) et ne sont pas pris en charge par les autorités.

En fait, les migrants qui fuient les guerres et la misère, se livrent à un très long périple, coûteux et dangereux pour se rendre à Dunkerque, Grande-Synthe, Calais, ou plus loin sur la baie d’Authie, sont sans cesse en danger. Ils sont, une fois sur le littoral français, harcelés quotidiennement par les forces de police.

Harcèlement et violences policières

L’association Human Rights Observers (HRO) sur Calais et Grande-Synthe écrit un rapport mensuel. Sur celui de juillet dernier, HRO relève à Calais 12 opérations de police pour 49 expulsions des campements (les lieux de vie informels), 720 personnes expulsées de leurs lieux de vie, 108 tentes et bâches saisies, 29 arrestations lors des expulsions.

Pire, à en croire ce témoignage d’une personne exilée recueilli par HRO le 13 juillet. Selon elle, « la police a lacéré un bateau alors que 65 personnes, dont 6 enfants, se trouvaient à bord, souhaitant traverser la Manche. Les personnes exilées ont ensuite ramené le bateau sur la plage, et tenté de rejoindre la route. À ce moment-là, la police a procédé à une arrestation et utilisé du gaz lacrymogène dans l’objectif d’éloigner les personnes exilées de la plage. »

Toujours dans ce même rapport, l’association témoigne d’une multiplication des entraves, intimidations et violences.

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