Le point GPS s’est transmis de façon virale via les groupes de discussion et les réseaux sociaux. Les teufeurs viennent de toute la France, parfois même d’Italie, d’Espagne ou de Belgique.
La fête semble avoir été organisée au millimètre, comme un véritable festival.
En quelques heures, c’est un véritable village qui s’est dressé au cœur du Causse du Quercy. Des tentes, des camping-cars haut-standing, des SUV délimitent les allées principales le long desquelles sont installés des stands de nourriture variée, de la classique saucisse-frites à la cuisine du monde, des vendeurs de t-shirts, d’accessoires, ou de bijoux artisanaux.
Un dispositif de sécurité déployé en urgence
Des panneaux indiquent où trouver les trois murs de son, trois scènes équipées de lasers et d’effets visuels synchronisés au rythme d’une musique répétitive sur laquelle s’abandonnent les teufeurs qui veulent « juste danser tranquille ». Ils refusent les « normes sonores et sociales, les taxes et les clôtures symboliques de la fête institutionnalisée », et considèrent la teuf comme « un espace de liberté dans un monde rigide et contraignant ». La différence avec un festival autorisé est certainement la circulation libre de substances illicites proposées dans des stands, et dont les tarifs sont annoncés comme sur un menu de restaurant : protoxyde d’azote, kétamine, weed. La cocaïne et le LSD se vendent plutôt sous le manteau.
Les sapeurs-pompiers et les forces de gendarmerie du Lot ont été les premiers réquisitionnés dès le 8 mai. Le site est sécurisé en urgence. Des barrages sont instaurés sur la RD 840 et la RD 70 pour couper la circulation et interdire l’accès au site. La ligne ferroviaire Brive-Rodez qui jouxte le lieu est interrompue, car les festivaliers, guidés par la musique qui porte à plus de 6 km, empruntent les chemins de traverse et longent parfois la voie ferrée.
Le soutien sanitaire est rapidement déployé, appuyé par les équipes de la Croix-Rouge et de la protection civile, avec des renforts venus de toute l’Occitanie, mais également des bénévoles du monde associatif. Quatorze associations sont engagées par le ministère de la Santé sur la réduction des risques, et proposent préservatifs, serviettes hygiéniques, mais également une oreille attentive aux violences et agressions sexuelles. Si la rave est illégale et interdite par arrêté préfectoral, les mots d’ordre sont sécurité et propreté. Des pancartes interdisent l’accès aux sites naturels et incitent à l’évacuation des déchets, à laquelle tout le monde participe l’après-midi, joint aux lèvres, au son de la musique reggae.
Limiter l’engorgement des services d’urgence
Les bénévoles de la Réduction des Risques travaillent en lien avec la protection civile. Dans une tente tipi ou un coin chill, ils instaurent un climat bienveillant et cultivent la confiance. « On est là pour rassurer, discuter et écouter tout en restant vigilant notamment sur les personnes isolées ». Les personnes identifiées comme vulnérables ou potentiellement en danger sont orientées vers les postes de secours, véritables postes médicaux avancés, où officient un médecin et deux infirmiers sapeurs-pompiers, en constante communication avec le poste de commandement où les véhicules de secours à victimes sont rassemblés pour évacuer les victimes. Cette organisation permet de gérer sur place la plupart des problèmes rencontrés sur l’événement, de l’entorse aux effets secondaires de la prise de substances psychoactives, et de limiter l’engorgement des services d’urgences du département. Si la police n’est pas la bienvenue sur site, reconnaissance et respect sont témoignés envers les acteurs de la protection sanitaire pour leur mobilisation et leur présence.
Au final, peu de débordements sont à déplorer. Lors d’un point presse tenu dimanche 11 mai à 18 h, la Préfecture du Lot fait part de trois gardes à vue « pour des faits liés aux stupéfiants et des faits de rébellion », et estime les dégâts à 50 000 euros. Alors que les teufeurs quittent le site, 350 membres des forces de l’ordre sont toujours en place. 240 personnes ont été prises en charge par les premiers secours.