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Frederic Legrand - COMEO/shutterstock
En réponse à la politique de Trump

La main tendue aux chercheurs américains semble peu réaliste

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Mise à jour le 16 mai 2025
Temps de lecture : 4 minutes

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États-Unis Union européenne Macron Donald Trump

La France, comme l’Europe, veut accueillir les chercheurs américains maltraités par la politique de Donald Trump. C’est le programme Choose France for Science, avec 100 millions d’euros mis sur la table. Étonnant quand on connaît le manque de moyens donnés à la recherche française.

Étonnante, la scène qui se déroulait ce lundi 5 mai à la Sorbonne. Emmanuel Macron annonçait que l’État souhaite investir 100 millions d’euros, qui s’ajouteraient au budget de la recherche, afin de pouvoir accueillir les chercheurs étrangers, notamment les Américains. De son côté, et pour les mêmes raisons, l’Union européenne met sur la table 500 millions d’euros pour 2025-2027.

Tandis que le président français s’exprimait, son ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau confirmait son intention de durcir les conditions d’entrée en France des étrangers. Voilà donc une nouvelle forme d’immigration choisie qui se profile. En soi, l’idée de faire de la France (et de l’Europe) un territoire d’asile pour les chercheurs qui ne peuvent plus exercer chez eux semble plutôt généreuse et prometteuse. L’arrivée de scientifiques américains, et d’autres, dans nos universités ne pourrait a priori que renforcer notre potentiel de recherche.

Aux États-Unis, les 100 premiers jours de Donald Trump sont catastrophiques pour la communauté scientifique accusée de tous les maux : « antisémitisme » pour Harvard (2,2 milliards de dollars de subventions sont gelés), complaisance pour l’environnement et le climat pour les autres (l’une d’elle se voit ainsi retirer 800 millions de dollars de subventions et doit licencier 2000 chercheurs).

En France, le budget recherches amputé de 630 millions d’euros

Mais comment la France pourra-t-elle intégrer un nombre conséquent de scientifiques alors que notre budget recherches est en recul de 630 millions d’euros ?

Le collectif français de chercheurs et universitaires RogueESR lutte depuis 2017 (année de sa création) contre un programme pour l’université et la recherche (celui qu’avait porté Emmanuel Macron dès la campagne présidentielle de 2017) qu’il juge « indigent ».

RogueESR soutient actuellement l’Agora Sciences Université Recherches (ASUR), une structure transitoire qui prépare un colloque sur le sujet les 16 et 17 juin à Paris, un livre blanc pour une refondation de l’université et de la recherche, à paraître pour la rentrée, et des propositions de loi pour la fin de l’automne. ASUR dénonce un « travail de sape de la liberté académique, par la mise à mal de ses garanties statutaires et financières de long terme, et plus généralement par l’érosion des défenses immunitaires de la société civile » dans plusieurs pays européens, dont la Belgique et les Pays-Bas où des coalitions entre droites libérale et nationaliste viennent de procéder à des annulations de crédits massives. Là encore, ces mesures se soldent par des milliers de licenciements et la mise en difficulté des universités. En France, le secteur souffre des coupes budgétaires et des tentatives de mise au pas via les contrats d’objectifs, de moyens et de performances (COMP).

La gravité de la situation de nos universités et de notre recherche, en France comme en Europe, relativise particulièrement les annonces d’Emmanuel Macron et de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Au point de les soupçonner d’un grand exercice de communication.

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