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Panthéonisation

La famille de Marc Bloch refuse toute récupération

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Mise à jour le 6 décembre 2024
Temps de lecture : 3 minutes

Les réactions se multiplient depuis l’annonce, samedi 23 novembre, de la panthéonisation de l’historien Marc Bloch.

Dans un communiqué, Suzette et Mathis Bloch, au nom de la famille de Marc Bloch se sont réjouis d’une « reconnaissance de la France de l’apport intellectuel et de l’héroïsme de Marc Bloch » mais s’opposent à toute forme de récupération politique.

Ils demandent notamment à ce que l’association avec l’Université et l’Éducation nationale soit « la colonne vertébrale du projet de panthéonisation. L’intégration de la jeunesse nous semble essentielle ».

Rappelant que «  l’œuvre de ce patriote convaincu est profondément anti-nationaliste, construite contre le roman national et la réduction de l’histoire française aux frontières nationales », la famille de Marc Bloch demande expressément « que l’extrême droite, dans toutes ses formes, soit exclue de toute participation à la cérémonie ».

Détournements politiques d’une pensée anti nationaliste

Depuis longtemps, la famille Bloch s’émeut des détournements politiques de la pensée de l’historien. En 2000, elle avait fait interdire en justice l’utilisation du nom par la Fondation Marc-Bloch, qui regroupait de nombreuses personnalités dites souverainistes de gauche comme de droite (Élisabeth Lévy, Philippe Cohen, Henri Guaino, Jacques Nikonoff...) et avait été forcée de se rebaptiser Fondation du 2-Mars.

De même, la famille Bloch s’était insurgée contre la récupération par Jean-Marie Le Pen, puis Marine Le Pen des propos de l’historien qui écrivait dans L’Étrange défaite :

« Il est deux catégories de Français qui ne comprendront jamais l’histoire de France : ceux qui refusent de vibrer au souvenir du sacre de Reims  ; ceux qui lisent sans émotion le récit de la fête de la Fédération  ».

À partir de cet extrait, l’extrême droite, dans un contresens absolu, a souvent dépeint Marc Bloch en chantre du « roman national » alors que la citation, tronquée, ne vise pas à faire l’éloge des racines chrétiennes de la France, mais à insister sur l’importance des rassemblements collectifs qui ont scandé son histoire, comme l’illustre la façon dont se termine le passage en question :

Dans le Front populaire – le vrai, celui des foules, non des politiciens –, il revivait quelque chose de l’atmosphère du Champ de Mars, au grand soleil du 14 juillet 1790 .

Pour un hommage civil

Les parlementaires d’extrême droite oseront-ils assister à la panthéonisation de l’historien et résistant contre la volonté de sa famille ?

Patrick Boucheron, médiéviste comme Marc Bloch et professeur au Collège de France, a réagi dans un entretien au journal Libération : « Je comprends cette exigence de la famille, je la soutiens, et la défendrai si nécessaire. Le patriotisme de Marc Bloch est à mille lieues de ce nationalisme agressif qu’il détestait, et dont il fut la victime  ».

Dans leur communiqué, Suzette et Mathis Bloch précisent enfin que l’hommage devrait être « purement civil, comme Marc Bloch le demandait dans son testament. En ce sens, aucune récupération ou présence religieuse et communautaire ne nous semble acceptable. Marc Bloch, athée, n’avait foi qu’en une seule idée, la République ».

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