Pour la reprise de ses travaux, l’Union des familles laïques reçoit Alcide Carton, président des Amis de Robespierre. Il donnera une conférence à la Bourse du travail de Lille [1], samedi 28 novembre à 11 h.
Parmi les thèmes qu’il développera : la Terreur, l’assassinat de Robespierre et ceux de 108 de ses amis, le tournant de la Révolution française. Entretien.
Né en 1758, Robespierre va faire de solides études secondaires à Paris. Avocat, revenu à Arras au milieu des années 1780, il participe à la vie arrageoise. Qui est l’Incorruptible ?
Robespierre est avant tout un homme des Lumières. À bien y regarder, si l’on s’intéresse de près à sa vie d’avocat, à ses premiers écrits et ses premiers engagements, on y retrouve, dans les faits, la genèse de ce qui sera la constance de sa pensée politique : celle d’un homme de principes, défenseur des droits naturels de l’homme, et donc du peuple laborieux. Il est très tôt surnommé l’Incorruptible.
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Élu aux états généraux en 1789, il y tient une place importante. Quel rôle joue-t-il dans la rédaction de la Déclaration des Droits de l’Homme votée le 26 août 1789 ?
On oublie trop souvent, parlant de lui, qu’il fut député à la constituante. À Versailles, il se fait très vite remarquer par ses prises de position en faveur du peuple des campagnes qui se révolte partout en France. Il se rangera à gauche, contre les lobbies colonialistes opposés à la déclaration des droits, il rejoint Pétion, et Mirabeau.
Robespierre n’est pas seulement un théoricien, c’est aussi un homme d’action. Il défendra les femmes qui se sont rendues à Versailles les 5 et 6 octobre, victimes de la répression. Il sera l’auteur de la fameuse devise : Liberté, égalité, fraternité.
Parallèlement, il participe au club des Jacobins. Qu’étaient les clubs et les sections parisiennes à cette époque ?
La Révolution, c’est d’abord une intense activité politique et démocratique, dans tout le pays, allant jusqu’à la résistance à l’oppression au sein des communautés villageoises, dans les clubs de droite et de gauche d’ailleurs. On cite souvent le club des Amis de la Constitution – les Jacobins – le club des Cordeliers et celui des Feuillants, favorables à la révolution, mais rarement ceux de la contre-révolution aussi actifs. Y compris à la convention, le président est renouvelé régulièrement, et les comités tous les mois. Il y a véritablement séparation des pouvoirs législatif et exécutif.
Dès janvier 1792, il prend position contre la guerre, pour quelles raisons ?
J’en vois deux essentielles qui devraient nous guider encore aujourd’hui :
- « les peuples n’aiment pas les missionnaires armés » et donc Robespierre est opposé à l’ingérence étrangère dans les États.
- la guerre nuit aux peuples par les souffrances qu’elle leur inflige et parce qu’elle donne l’occasion aux gouvernants de renforcer leur pouvoir autoritaire et museler la démocratie.
À réfléchir, surtout encore aujourd’hui.
Élu à la Convention en 1792, il va défendre les droits d’existence des couches populaires et la République. Contre qui et de quelle façon ?
En 1792, Robespierre est très populaire ; mais il n’existe pas de majorité à la convention. Cela ne va pas empêcher que la Montagne – où siège Robespierre – impose des mesures efficaces contre ceux qui prônent la liberté des prix, et la liberté sans limites du commerce au nom de ce que nous appelons avec lui le droit à l’existence pour la majorité du peuple (principe de justice) : manger à sa faim, se vêtir, s’instruire, etc. Dans une France en guerre, la Convention instituera le divorce par consentement mutuel, l’instruction gratuite, l’aide aux plus faibles et le juste équilibre entre les salaires, les prix et les profits.