Dans un rapport publié ce 25 mars, la Cour des comptes note des insuffisances dans la stratégie du Centre national de recherche scientifique (CNRS). Si sa réputation d’excellence scientifique n’est plus à prouver, l’institution fait face à de grandes difficultés en matière d’attractivité.
Candidatures en chute libre
Avec un budget de plus de 4 milliards d’euros et ses 34 280 agents, le CNRS est « le plus grand opérateur de l’État, après France Travail », précise la Cour des comptes. Mais un point inquiète particulièrement les magistrats : la trésorerie de l’institution est en croissance permanente depuis plus de 10 ans.
A priori, c’est plutôt une bonne nouvelle. Mais en réalité, ce n’est que le résultat d’une « gestion décentralisée, hétérogène, souvent très prudente, et ne permettant guère de mutualisation entre équipes de recherche », indique le rapport. En d’autres termes, l’organisme est incapable de planifier son activité et ses budgets sur le temps long, ce qui se traduit par « une sous-exécution systématique des dépenses budgétées, comprise entre 300 et 700 millions d’euros sur la période ».
Cette situation a des conséquences sur l’attractivité du CNRS. En l’espace de 10 ans, les candidatures de chercheurs ont chuté de 36 %, pour des postes offerts « dont le volume n’a été réduit que de 18 % », précise le rapport. Autre problème en vue : 32 % des effectifs avaient plus de 55 ans en 2023. D’ici à quelques années, l’institution devra faire face à une vague de départs à la retraite.
L’excellence scientifique française
Le CNRS reste le plus grand organisme de recherche français et européen. Fort de ses 1 130 unités de recherche et de ses milliers de chercheurs, il couvre l’ensemble des disciplines scientifiques, des sciences fondamentales aux sciences appliquées, et coordonne de nombreux projets en lien avec les universités et les industries.
Avancées notables dans l’Intelligence artificielle, participations influentes dans le GIEC, médailles Fields… Le Centre national fait toujours autorité pour le nombre de publications et la qualité des travaux de ses chercheurs. Le prix Nobel obtenu en 2022 par Alain Aspect pour ses travaux sur la physique quantique est venu enfoncer le clou.
Cette alerte de la Cour des comptes pourrait accélérer une réorientation stratégique du CNRS.