Durant ces deux décennies, Abdallah a formulé neuf demandes de libération conditionnelle. À plusieurs reprises, le tribunal a accepté sa demande, mais le processus n’est jamais allé à son terme.
Des pressions étasuniennes
Des pressions étasuniennes sur le gouvernement français concernant ce dossier ont depuis été vérifiées, notamment par WikiLeaks.
Il y a quelques années, le média de Julian Assange révélait un mail d’Hillary Clinton, alors secrétaire d’État américaine, à Laurent Fabius en charge des affaires étrangères ; aucune ambiguïté n’existe puisqu’il lui est dit que si « le gouvernement français n’est pas légalement en mesure d’annuler la décision de la Cour d’appel, nous espérons que les autorités françaises pourront trouver une autre base pour contester la légalité de cette décision ».
C’est dans ce cadre qu’aura lieu l’audience du 7 octobre prochain. La dernière condition nécessaire à la libération de Georges Ibrahim Abdallah après une telle décision de justice, c’est la signature d’un arrêté d’expulsion vers le Liban, son pays d’origine (qui ne refuse pas son retour, loin de là).
Plus ancien prisonnier politique d’Europe
En 1978, le Liban est envahi par Israël avec la grâce des États-Unis de Reagan. Immédiatement condamnée par l’ONU, cette attaque aboutit à l’occupation d’une partie du territoire libanais jusqu’en 2000. Cherchant à détruire les bases de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), l’État israélien foule aux pieds le droit international durant 22 ans. Des Libanais s’organisent sur cette base, à l’image de Georges Ibrahim Abdallah qui entre dans les Fractions armées révolutionnaires libanaises. En 1982, l’organisation revendique l’assassinat du lieutenant-colonel Charles R. Ray, attaché militaire américain à Paris, et de Yacov Barsimentov, diplomate israélien et membre du Mossad.
Georges Abdallah est condamné pour complicité d’homicide volontaire. Déclarant qu’il n’est « pas un criminel, mais un combattant », il sait qu’il sera incarcéré et utilise son procès pour plaider sa cause. C’est à Lannemezan (Hautes-Pyrénées) qu’il est détenu. Enfermé en 1984 et condamné en 1987 à une peine incompressible, l’homme est libérable depuis le siècle dernier.
Un triste record pour la France puisqu’il est le plus ancien prisonnier politique d’Europe.