Mais le 3 juin, l’annonce tombe : faute de crédits, le gouvernement interrompt les versements. En cause ? Un afflux de demandes, une pénurie d’agents instructeurs à l’ANAH, et plus de 400 millions d’euros de fraudes recensées en 2023. Officiellement, on évoque un « encombrement » des services.
Un stop brutal aux conséquences en chaîne
Le gouvernement avait pourtant multiplié les allers-retours. Depuis sa création en 2020, MaPrimeRénov’ a subi bien des réformes (exclusions de travaux, changements de barèmes, recentrage puis réouverture aux mono-gestes). Après une stabilisation fin 2024, le dispositif semblait avoir décollé. La suspension annoncée le renvoie dans le flou.
Les conséquences sont graves. Jusqu’à 100 000 emplois seraient menacés, selon la Fédération française du bâtiment. Les entreprises ont souvent avancé les fonds, dans l’attente de remboursements de l’ANAH qui tardent. Partout en France, des TPE fragilisées basculent dans le rouge.
Le monde du bâtiment est vent debout. Promoteurs, artisans, architectes, bailleurs sociaux dénoncent une décision prise sans concertation, qui met à mal toute la chaîne de la rénovation. Le président de la CAPEB, Jean-Christophe Repon, rappelle « qu’un euro investi dans MaPrimeRénov’ génère trois euros de retombées économiques » (fiscalité, emploi, formation).
Une filière en alerte, des collectivités déboussolées
Les collectivités locales sont aussi impactées. De nombreuses aides territoriales à la rénovation sont adossées à MaPrimeRénov’. Leur suspension pourrait fragiliser l’ensemble des dispositifs locaux.
Côté particuliers, c’est l’incertitude. Ceux qui ont déposé leur dossier avant le 1er juillet devraient être traités. Mais face à l’afflux soudain de demandes, l’engorgement menace de s’aggraver.
Sous la pression, le gouvernement promet un retour du dispositif au 15 septembre. Mais la confiance est rompue. La filière menace de lancer des actions dès le 2 juillet si rien n’est rétabli. Pour beaucoup, les fraudes invoquées ne sont qu’un prétexte. La FFB assure avoir alerté depuis deux ans sur les dérives, sans réponse concrète.
La réalité est sûrement un peu plus gênante, pour le gouvernement. La filière de la rénovation est fragilisée par sa dépendance à une aide instable et à un État incapable d’assurer la continuité de ses politiques ou de planifier.