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Jeux vidéo

Que se passe-t-il chez Ubisoft ?

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Justice Jeux vidéo

Rien ne va plus pour le géant français du jeu vidéo, entre conflits sociaux, baisse des chiffres et procès à venir. Alors que la Paris Games Week, le plus grand salon français dédié aux jeux vidéo, se déroule cette semaine, attirant des milliers de visiteurs curieux des dernières nouveautés, Ubisoft est dans la panade.

Ubisoft, entreprise française de développement et d’édition de jeux vidéo fondée en 1986 par les frères Guillemot et entrée en bourse en 1996, est l’un des leaders mondiaux de l’industrie du jeu vidéo. Elle emploie 21 000 personnes, dont 4 000 en France. Son catalogue riche (Assassin’s Creed, Prince of Persia, Watch Dogs...) l’a historiquement rendue attrayante pour de potentiels acquéreurs, mais les récents problèmes de l’entreprise ont terni cette image.

Déceptions et tensions sociales

Les dernières sorties, comme le très attendu Star Wars Outlaws, n’ont pas réussi à convaincre. Le mois dernier, Ubisoft a de nouveau ébranlé la confiance des investisseurs en annonçant que le lancement de son prochain titre majeur, Assassin’s Creed Shadows, serait reporté à février 2025. Le cours de l’action a rapidement chuté à 9,89 euros, son plus bas niveau en dix ans. Les actions d’Ubisoft ont baissé de 44 % depuis le début de l’année et de 78 % au cours des cinq dernières années.

La semaine dernière, 700 employés du développeur français ont entamé une grève de trois jours en raison d’un conflit sur le télétravail. La direction a imposé un retour en présentiel de trois jours par semaine pour l’ensemble du personnel, sans fournir de justification détaillée ni consulter les employés.

Dans un récent communiqué, le syndicat STJV (Syndicat des travailleurs et travailleuses du jeu vidéo) dénonçait les pratiques de l’entreprise : «  Après plus de 5 ans de travail efficace dans le cadre du concours actuel de télétravail, beaucoup de nos collègues ont construit ou reconstruit leur vie. La conséquence de cette décision sera la perte de l’emploi de nos collègues, la désorganisation de nombreux projets et l’augmentation drastique des risques psychologiques pour ceux qui restent. »

Vers un contrôle stratégique

En 2004, Electronic Arts avait tenté de s’emparer de l’éditeur de jeux vidéo, mais avait finalement été repoussé. En 2015, Vivendi (groupe Bolloré) avait mené une tentative encore plus sérieuse, qui a mis des années à être déjouée. Cette année, cependant, les rumeurs semblent se confirmer. Selon certaines informations, deux actionnaires principaux envisageraient un rachat conjoint qui pourrait aboutir à un contrôle accru de l’entreprise en dehors des marchés publics.

Guillemot et Tencent, détenant respectivement 20,5% et 9,2% des droits de vote d’Ubisoft, agiraient de concert pour un éventuel rachat. L’achat d’Ubisoft, évalué à un peu plus de 10 milliards de yuans (1.3 milliard d’€), serait tout à fait réalisable pour la plus grande société de jeux vidéo chinoise. Les résultats semestriels de Tencent ont révélé que le géant technologique disposait d’une trésorerie nette de 71,76 milliards de yuans (9.3 milliards d’€) et d’une trésorerie totale de 415,2 milliards de yuans (54 milliards d’€) à la fin du mois de juin.

De son côté, l’entreprise a reconnu ces rumeurs dans un communiqué publié le 7 octobre, en déclarant : « Ubisoft a pris note des récentes spéculations de la presse concernant des intérêts potentiels autour de la société. Elle réexamine régulièrement toutes ses options stratégiques dans l’intérêt de ses parties prenantes et informera le marché si et quand cela sera approprié.  »

Côté justice

À l’été 2020, une vaste enquête était publiée : « Harcèlement sexuel à Ubisoft : "On savait" ». Un audit interne a révélé l’ampleur des problèmes : 25 % des employés ont déclaré avoir été «  victimes ou témoins d’une forme quelconque de mauvaise conduite au travail au cours des deux dernières années  ». Par ailleurs, « une personne sur cinq ne se sent pas pleinement respectée ou en sécurité dans son environnement professionnel ».

En janvier, trois anciens dirigeants d’Ubisoft seront jugés pour harcèlement moral et sexuel, avec un procès prévu en mars 2025, soit près de cinq ans après la révélation des faits.

L’entreprise est également visée par une action collective aux États-Unis. Les plaignants accusent Ubisoft d’avoir partagé les données des clients avec Meta, l’entreprise technologique derrière Facebook et Instagram. Apparemment, effectuer un achat sur la boutique Ubisoft ou même simplement accéder à la page en tant que membre Ubisoft+ tout en étant connecté à Facebook entraîne la collecte des données des utilisateurs par l’outil Pixel de Meta et leur transfert vers Meta - tout cela sans qu’Ubisoft ne demande le consentement des utilisateurs.

La plainte, déposée auprès du tribunal fédéral du district nord de Californie, fait état de violations des lois sur la protection de la vie privée et des réglementations sur les écoutes téléphoniques. Les plaignants affirment que les utilisateurs n’ont pas été correctement informés des pratiques de partage de données. S’il est pour le moment difficile de savoir si l’affaire ira plus loin, cela reste malgré tout une nouvelle déconvenue pour l’entreprise française qui est déjà très malmenée depuis plusieurs mois.

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